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Vente de bidons en plastique à Ouagadougou : Une activité de « survie » pour certaines femmes

jeudi 13 avril 2023

« Le travail, même s’il n’arrive pas à sortir l’homme de sa misère, lui garantit au moins sa dignité », disait l’écrivain malien Amadou Koné. C’est à la recherche de cette dignité que des femmes se livrent à la vente des bidons vides en plastique dans certaines artères de la ville de Ouagadougou. Parmi elles, Ramatou Tapsoba.

La vie n’a pas fait de cadeau à Ramatou Tapsoba. Après le décès de son père, par la force des choses, sa mère devient la cheffe de famille, chargée par conséquent de subvenir à leurs besoins vitaux. Dans l’espoir de contribuer un tant soit peu aux différentes charges, Ramatou Tapsoba, grâce à l’intervention d’une bonne volonté, intègre le centre AMPO où elle bénéficie d’une formation en restauration pendant trois ans. Pour l’obtention de son parchemin, elle doit effectuer un stage de six mois dans un hôtel de la place, sans rémunération.

Vue l’urgence des besoins de sa famille, elle se rend au Mali dans l’objectif de se faire de l’argent. Mais cette aventure tourne court. Car le chemin est semé d’embûches. Elle décide alors de revenir au Faso. Sans diplôme en poche, elle se lance dans la vente des bidons en plastique vides, tout en espérant avoir un meilleur emploi. Joviale et aimable, elle mène son activité avec d’autres femmes un peu avancé en âge sur l’avenue Monseigneur Thévenoud, non loin de la cathédrale de Ouagadougou. Elles ont aménagé un espace de fortune au bord de la voix, malgré les dangers liés à la circulation.

Lorsque nous la rencontrions, Mlle Tapsoba s’activait à laver ses articles. Autour d’elle, un gros sac rempli de bidons vides. Nous nous approchons d’elle pour échanger, mais elle était méfiante. Après quelques minutes de négociations, elle finit par se confier. « Je suis fière d’exercer ce métier sans honte. Je quitte la zone non lotie de Tampouy à 4h30 du matin pour venir ici chaque jour. C’est ma mère qui s’occupe de mes enfants, vu que je suis tout le temps à mon lieu de travail. Mes heures de descente dépendent de l’affluence de la clientèle », explique-t-elle. De teint clair, vêtue d’un haut multicolore avec un pantalon noir, cette dame de 31 ans est mère de deux enfants. Pour mener son activité, elle s’approvisionne auprès des femmes de nettoyage pour les revendre à son tour aux vendeuses de jus mais aussi aux grossistes qui viennent d’horizons divers.

La promptitude est de mise dans ce secteur. Il faut être matinal pour que la moisson soit importante. Toutefois, cette activité n’est pas sans difficultés. Hormis le problème d’eau, Mlle Tapsoba et ses collègues sont victimes de la poussière sans compter le manque de matériels adéquats pour leur travail.

« Pendant le FESPACO, la mairie nous a déguerpi des lieux. Étant donné que nous n’avions pas un autre site, nous sommes revenues à la fin du festival pour continuer notre activité », poursuit-elle. Malgré tout, Mlle Tapsoba dont le rêve est d’ouvrir un restaurant dit se plaire dans l’exercice de cette activité qui, selon elle, nourrit son homme pour ne pas dire les femmes vulnérables. « Lorsqu’on paye les bidons à 5000 francs CFA, on peut les revendre à 10 000 francs CFA voir plus. Par mois, je peux avoir entre 50 000 et 100 000 francs CFA », fait-elle savoir.

Asséta Ouédraogo rejoint Mlle Tapsoba dans son propos. Cette mère de cinq enfants arrive à se nourrir et à scolariser ses enfants grâce à cette activité qu’elle exerce depuis deux ans. Elle se fait aider par sa fille. « Je me suis lancée dans la vente des bidons vides en plastique parce que mon mari n’a pas les moyens et je veux à tout prix l’aider dans les charges familiales », explique dame Ouédraogo.

Peu de temps après l’entretien, Mlle Tapsoba a son premier client. Rapace Sawadogo est réceptif à nos questions. « Je suis venu m’approvisionner en bidons parce que maman vend des jus naturels. Je trouve les prix des articles abordables. Habituellement, j’achète quatre bidons de 0,5 l à 50 francs CFA. Aussi, nous avons la possibilité de trier les bidons que l’on veut parce que dans le lot, il y a des bidons dont la qualité laisse à désirer », a-t-il confié.

Moussa Drabo, un passant, quant à lui, reste sceptique. « D’où proviennent les bidons ? Quelles sont les risques sanitaires auxquels s’exposent les populations ? Quelles mesures d’hygiène prendre pour une utilisation plus saine de ces contenants ? », questionne-t-il. Il a de ce fait interpellé les acheteurs sur l’impact de ces produits sur la santé. Ainsi, tout compte fait, chacun y va de son appréciation.

Aïssata Laure G. Sidibé
Lefaso.net

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