lundi 24 juin 2024
Annick Laurence Koussoubé, présidente du conseil d’administration du mouvement citoyen FEMIN-IN, est une militante dévouée pour les droits des femmes et des jeunes filles. Convaincue que chaque femme mérite de vivre avec dignité et égalité, elle œuvre sans relâche pour un avenir meilleur. À travers des actions de sensibilisation, de renforcement des capacités et de promotion de la santé reproductive, Annick Laurence Koussoubé se bat pour une société burkinabè plus juste et équitable. Dans cette interview réalisée avec Lefaso.net, la féministe revient sur son engagement et ses aspirations pour les femmes burkinabè.
Lefaso.net : Que représente la lutte féministe pour vous ?
Annick Laurence Koussoubé : En tant que militante féministe, je crois que chaque femme et chaque jeune fille mérite de vivre dans la dignité, la sécurité et l’égalité, donc mon engagement est motivé par la conviction que, malgré les défis immenses, un avenir meilleur est possible grâce à notre détermination collective et notre action.
La lutte féministe pour moi, est un appel à l’action pour bâtir un monde où chaque femme peut vivre librement, sans peur, ni discrimination, ni violence du fait de son genre et où elle peut réaliser pleinement son potentiel. C’est un combat pour la justice, l’égalité, et la dignité et c’est un combat que je suis déterminée à mener chaque jour, avec conviction.
Quelles sont les principales actions que vous avez menées dans le cadre de votre lutte ?
Je mène principalement des actions de renforcement des capacités des jeunes filles et des femmes. Je travaille sur la sensibilisation aux droits des femmes, l’incitation des jeunes filles à s’intéresser aux questions politiques, la promotion de la santé et des droits sexuels et reproductifs (DSSR), ainsi que la lutte contre les violences basées sur le genre (VBG). Mais pour moi, ma plus grande action menée est la co-création avec d’autres jeunes filles et femmes du Mouvement citoyen féminin. Ce mouvement travaille activement à faire avancer les droits des femmes et des filles au Burkina Faso, en mobilisant la communauté et en plaidant pour des changements législatifs et sociaux. Nous visons à créer un environnement où les femmes et les filles peuvent s’épanouir pleinement et participer pleinement à la vie publique et économique du pays.
Quelle est le domaine où la femme est beaucoup plus défavorisée selon vous ?
Les femmes sont défavorisées dans tous les domaines, que ce soit au Burkina Faso ou ailleurs. Que ce soit en matière d’éducation, de santé, de politique ou de finances, elles sont toujours les moins représentées et les moins formées. Si je devais choisir un domaine en particulier, je dirais que c’est l’éducation. L’accès au savoir est le fondement sur lequel se construisent les opportunités dans tous les autres domaines.
Pensez-vous que le Burkina Faso a fait des progrès sur la question du droit féminin ?
Il faut reconnaître que de nombreux progrès ont été réalisés au Burkina Faso en matière de droits des femmes (et je tiens vraiment à féliciter nos autorités pour cela), notamment dans les domaines de la santé, de l’éducation et de la politique. L’accès aux soins de santé reproductive s’est amélioré, réduisant ainsi les taux de mortalité maternelle. En matière d’éducation, de plus en plus de filles sont scolarisées, et des efforts sont faits pour réduire le taux d’analphabétisme parmi les femmes. Sur le plan politique, la mise en place de quotas genre pour essayer d’augmenter la représentation des femmes dans les instances décisionnelles.
Selon vous, quels sont les principaux obstacles à la lutte pour le droit des femmes au Burkina Faso ?
Pour moi, les principaux obstacles à la lutte pour les droits des femmes au Burkina Faso sont d’ordre culturel et politique. Sur le plan culturel, certaines normes et traditions patriarcales profondément enracinées limitent les opportunités et les droits des femmes. Ces traditions perpétuent des pratiques discriminatoires et restreignent la participation des femmes dans la vie publique et économique. Sur le plan politique, bien que des progrès aient été réalisés, la volonté politique reste parfois insuffisante pour mettre en œuvre et faire respecter les lois favorisant l’égalité des genres. Selon moi, la combinaison de ces obstacles culturels et politiques constitue un défi majeur pour l’avancement des droits des femmes dans le pays.
Quel est votre idéal pour la femme burkinabè ?
Mon idéal pour la femme burkinabè serait qu’elle puisse vivre dans une société où elle est éduquée, autonome, en bonne santé, respectée et active sur les plans économique, social et politique. Enfin qu’elle puisse contribuer non seulement à son épanouissement personnel, mais aussi au développement global du Burkina Faso.
Si c’était à refaire, vous serez vous engagé dans cette lutte ?
Oui, sans hésiter, car pour moi, il est normal de m’engager à mon tour. Des prédécesseuses ont œuvré pour que nous obtenions des droits en tant que femmes. C’est maintenant notre tour de maintenir ces acquis et de continuer la lutte mais aussi d’ouvrir de nouvelles voies vers une véritable égalité des genres.
Quels messages souhaitez-vous passez dans le cadre de cette lutte ?
Dans le cadre de cette lutte, je voudrais lancer un appel à tous et à toutes : la lutte pour les droits des femmes doit concerner tout le monde. Nous devons encourager un dialogue constructif, mobiliser les efforts collectifs et mettre en place des actions concrètes pour réaliser l’égalité de genre et le respect des droits des femmes, tant au Burkina Faso qu’au-delà.
Hanifa Koussoubé
Lefaso.net