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Burkina/Leadership féminin : Wendpouiré Nana, une superwoman sur les questions de genre

jeudi 4 avril 2024

Elle est jeune, dynamique et surtout engagée au sein de la jeunesse féminine. Wênd-puiré Nana, puisque c’est d’elle qu’il s’agit, est la promotrice du Forum international des élites féminines et par ailleurs présidente de la Fondation Association pour l’Epanouissement de la Jeune Fille (AEJF). Institutrice de formation, Mlle Nana a un DTS en communication d’entreprise et active dans le domaine de l’entrepreneuriat avec deux entreprises (JNService, une agence événementielle et Assetou Shop une boutique de lingerie féminine). Nous sommes allées à la rencontre de Mlle Nana. Avec son sourire et son dynamisme, elle nous parle dans cet entretien du rôle de sa fondation, ses acquis et ses ambitions.

Présentez-nous en quelques mot la Fondation AEJF ?

Au départ, une association pour l’épanouissement de la jeune fille, elle est passée à une fondation « Association pour l’Epanouissement de la Jeune Fille (AEJF), avec pour objectif de créer des cadres d’écoute, d’échanges, de formation et de renforcement des capacités de la gent féminine à l’échelle nationale et internationale (Entrepreneuriat, leadership, savoir-faire et savoir-être…). La Fondation a également pour mission d’identifier les ressources (matérielles, humaines...) et les opportunités (structure, formation…) à l’échelle nationale et internationale pour informer les jeunes filles et les femmes. Elle promeut aussi les droits et la bonne santé sexuelle et reproductive (lutte contre le VIH et les MST, PF…), contribue à la promotion de l’éducation et la démocratie. L’une de ses missions, c’est aussi promouvoir la bonne santé sociale en luttant contre les fléaux sociaux (Incivismes, VBG).

Chaque année, vous organisez le Forum international des élites féminines (FIEF). Que renferme la notion d’Élites féminines  ?

Un soir, je faisais mes recherches sur Google, dans l’optique d’innover le Forum des jeunes filles leaders qui a débuté en 2015. Je suis tombée sur la notion d’Élites féminines qui est une lutte qui a bien devancé la lutte pour l’émancipation de la femme. A la base, ce sont les élites féminines qui ont commencé la lutte de la femme au Moyen Âge. Des années 1984 à nos jours, j’ai remarqué la notion et l’histoire que renferment les élites féminines, cela m’a poussé à donner cette dénomination au Forum après quelques années. On a beau lutté, s’il n’y a pas d’élites dans les sphères de décisions, il n’y aura pas de changement, pas de motivation, pas de mentors...

Quel retour avez-vous après l’organisation des dix éditions de ce forum  ?

Depuis le début de l’aventure, on a des retours positifs par rapport à nos sensibilisations, nos dépistages etc. Il y a des jeunes filles qui ont pu prendre leur envol à partir du Forum. En terme chiffré, le Forum a touché plus de 5.000 jeunes filles de 2015 à 2023. Nous avons un répertoire de plus de 5.000 jeunes filles également. Nous avons nos groupes WhatsApp qui regroupent beaucoup de jeunes filles du Burkina Faso et d’autres pays de la sous-région. On peut capitaliser également le retour des femmes leaders qui arrivent à partager leurs expériences, à mentorer des jeunes filles. C’est un travail qualitatif comme j’aime à le dire. On ne perçoit pas forcément les résultats en quantité. On ne perd pas espoir, parce que c’est une lutte de longue haleine.

Quelles sont vos plus grandes satisfactions ?

Ma plus grande fierté, c’est de n’avoir pas abandonné en dix ans malgré les difficultés. C’est également de voir des jeunes filles qui, après le Forum, qui sont parvenues à créer soit leur structure associative, soit leur entreprise. Ma fierté, c’est aussi les jeunes filles parrainées de la 6ᵉ en Terminale qui ont réussi leurs différents examens, cette joie d’avoir permis à des jeunes filles orphelines de continuer les études. Je suis d’autant contente de me retrouver dans un espace où on retrouve des jeunes filles qui ont participé au Forum à plusieurs reprises et qui me voient comme une personne ayant fait effet dans leurs vies. C’est aussi, d’avoir été approchée par des jeunes filles et des grandes structures de la place pour mentorer des jeunes filles.

Quel regard portez-vous sur l’engagement des jeunes filles dans la vie active ?

J’ai un regard admiratif et surtout un regard confiant parce qu’il y a beaucoup de réveil au niveau de la jeune fille. On a des jeunes filles et jeunes femmes qui participent à des rencontres de haut niveau, des mouvements de jeunes filles qui naissent... Il faut noter également l’opportunité que certaines femmes donnent aux jeunes filles aujourd’hui d’apprendre à leurs côtés. Si on ne travaille pas aux côtés et/ou avec nos mamans, la relève ne sera pas assurée.

Le concept d’entrepreneuriat féminin ou de leadership féminin fait l’objet de débats. Pour certains, c’est du sexisme. Est-ce que vous partagez cette assertion ?

Moi, je ne qualifierais pas cela de favoritisme. C’est une dénomination pour faire ressortir l’aspect unique qu’a l’entrepreneuriat féminin ou le leadership féminin. Pour être une femme leader aujourd’hui, il faut pour la jeune fille les études, les travaux domestiques, les préjugés sociaux, la mobilisation des ressources qui est triplement plus difficile. Si on arrive à l’étape femme ou il faut y joindre le travail, la belle famille, la santé des enfants, ça fait trop. Il est tout à fait normal de pouvoir personnaliser ce concept. Cela fait partie de nos objectifs à la Fondation AEJF.

Quelles sont vos ambitions à court et moyen termes ?

Je viens de réaliser une de mes plus grandes ambitions, à savoir que l’association devienne une Fondation. On y travaille toujours pour ce qui est de la documentation formelle. Pour ce qui est du Forum, à court terme, c’est de pouvoir mobiliser des partenaires stratégiques. À long terme, je souhaiterais que ça soit un Forum mondial qui puisse être un rendez-vous incontournable de la gent féminine au Burkina Faso à l’image des grandes rencontres comme la Commission de la condition de la femme (CSW) de ONU Femmes aux États-Unis.

Quel est votre message à l’endroit des jeunes ?

Nous sommes dans une tendance où on encourage la masculinité positive. Je profite saluer mon père qui n’hésite pas à m’accompagner depuis le premier jour à aujourd’hui. J’invite nos frères, nos maris, à nous rejoindre et à comprendre notre lutte. Pour ce qui est des femmes, je les invite à soutenir les jeunes filles, d’autant plus que ce n’est pas un conflit intergénérationnel. À mes amis, c’est surtout un appel de coordination pour préparer la relève. Aussi, un appel de compréhension parce qu’on peut toucher leur sensibilité sans le vouloir.

Qui est votre modèle ?

J’en ai tellement, des Burkinabè comme des Ivoiriennes… Il y a ma maman en première qui m’inspire pour son courage et ses principes. Laurence Ilboudo, ancienne ministre de la femme ; Madame Bamboiro Cécile, Madame Sephora Kodjo de la Côte d’Ivoire…. Je les apprécie, toutes sont leaders dans leurs domaines. Je les apprécie !

Interview réalisée par Aïssata Laure G. Sidibé
Lefaso.net

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