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Handicap visuel des femmes : Le Comité national des femmes aveugles et malvoyantes, un cadre de soutien

lundi 11 mars 2024

Le Comité national des femmes aveugles (CNFA) fait partie des comités spéciaux de l’Union nationale des associations burkinabè des personnes aveugles et malvoyantes. Il regroupe plusieurs associations de femmes handicapées visuelles de toutes les régions du Burkina. C’est un cadre d’apprentissage et de sensibilisation en vue de faciliter la réadaptation sociale des femmes aveugles et malvoyantes.

Chez elles à la maison ou ailleurs, plusieurs femmes aveugles membres du CNFA mènent des activités génératrices de revenus. Très souvent désorientées professionnellement après la perte de la vue, elles ont besoin d’assistance et de formation. Selon Marie Claude Forogo, présidente du comité national des femmes aveugles et agents de bureau à l’école des jeunes aveugles (EGA), la majorité des femmes du comité est issue de milieux défavorables. « Les activités que nous menons sont entre autres le renforcement de capacités des femmes en tissage de lits picots, en fabrication de savon et de sac. Nous faisons aussi des sensibilisations sur les droits des personnes vivants avec un handicap », a-t-elle déclaré ajoutant que la plupart ne sont pas allées à l’école ou n’ont pas pu terminer leur cursus scolaire.

Ces femmes vivent des difficultés de mobilité parce que le déplacement est très complexe. Malgré ce problème de mobilité, le comité réussi à mobiliser environ 45 ou 50 femmes durant les activités car elles sont très dynamiques. Marie Claude Forogo nous explique qu’en plus difficultés financières et des conditions de vie défavorables, celles qui mènent des activités aussi, sont confrontées à la concurrence. « Les personnes aveugles ont besoin de quelqu’un pour les aider à faire des achats pour les matières premières et ce n’est pas toujours gratuit. Et le coût de production revient plus cher chez celles dont les prix peuvent être plus élevés par rapport aux autres ». Ces femmes sont également victimes de préjugés selon lesquels les personnes aveugles ne peuvent pas produire quelque chose de qualité. Donc l’écoulement des produits est très difficile pour elles.

Par ailleurs, ces femmes sont difficiles à mobiliser pour de grandes activités. « Il y a des femmes qui viennent avec le bus d’autres qui se font déposer par des proches. Parfois quand, il y a les moyens, nous les prenons en charge. Pour celles qui sont à Ouagadougou ou qui viennent des provinces, on leur donne l’argent de leur transport », explique Hortense Kaboré, trésorière générale du comité. Elle pointe du doigt aussi les difficultés de formation. « Nous avons besoin de moyens pour protéger les femmes parce que vu leur handicap, on ne peut pas procéder de la même manière que les autres. Surtout pour la production de savon et d’eau de javel, elles ont besoin d’être assistées. »

Quelques femmes aveugles qui fréquentent l’UN/ABPAM

Bibata Barro Ouédraogo, vendeuse de jus naturels a commencé à venir à l’UN/ABPAM. Suite à sa perte de la vision, elle suit des cours de réadaptation avec un guide. « Les amis de mon mari lui ont conseillé de m’amener à l’ABPAM pour que je me sente moins seule. Quand je suis arrivée au début j’ai fait deux semaines d’exercices de mobilité avec un guide voyant. On m’a montré tous les compartiments de l’ABPAM et on m’a appris à me déplacer avec une canne. J’ai pu apprendre à me déplacer toute seule sans me blesser ou tomber. Ensuite j’ai appris le braille ici », a déclaré dame Bibata Barro Ouédraogo. C’est en 2012 qu’elle a commencé à avoir des problèmes de vision. Elle perd la vue à un moment donné mais fait une greffe de la cornée et recouvre la vue. Malheureusement, en janvier 2020, la greffe ne tient pas et elle perd encore la vue. « Depuis que je viens ici, j’ai la joie de vivre et je me sens mieux. Vu que je suis dans mon milieu avec des personnes comme moi je suis libre dans la tête », a-t-elle fait savoir.

Comme dame Bibata Barro Ouédraogo, Aminata Nikièma, malvoyante est fréquente à l’ABPAM depuis juillet 2022. Elle y a appris le tissage de chaise, de lits picots et de sacs en fils plastiques. Malgré sa malvoyance, elle se rend plusieurs fois par semaine dans la cour de l’ABPAM pour travailler. « J’ai perdu la vue d’un coup sans antécédents. Ma vision est floue comme s’il y’a un brouillard devant moi. Je regarde mais je ne vois pas et ça ne me fait pas mal non plus. On ne me comprend pas et on pense que je fais semblant parce que les médecins n’ont pas pu faire un diagnostic clair. Selon eux, c’est comme un dépôt de poussière au niveau de mes yeux mais à part cela ils ne voient pas d’anomalies. Même avec des verres correcteurs je ne vois rien, ça affaiblit davantage ma vision. »

Au début, le CNAF lui avait proposé d’apprendre le braille pour pouvoir faire plus tard un concours, mais elle n’a pas pu comprendre le fonctionnement. C’est pourquoi, elle a appris un métier ici, pour ne pas rester au chômage. « Le problème est que je produis mais, il n’y a pas de marché et j’ai du mal à écouler. Mais grâce à l’ABPAM je gagne de quoi au moins prendre soin de moi », indique Aminata Nikièma.

En dehors de ces deux dames, plusieurs autres femmes ont pu lancer des activités grâce au soutien du comité national de femmes aveugles. Bibata Barro Ouédraogo encourage les femmes aveugles à garder espoir et à s’accrocher à la vie. « Je croyais que tout était fini pour moi mais quand je suis arrivée à l’ABPAM, j’ai compris qu’il y a une solution à toutes choses ». Pour elle, il faut sortir et se frotter aux gens même en dehors de l’ABPAM. 

La présidente et les autres membres du bureau du comité national des femmes aveugles font de leur mieux pour aider les femmes. Leur principale contrainte demeure le manque de ressources financières. Elles déplorent le fait que peu de donateurs s’intéressent à elles alors qu’elles ont beaucoup de potentiel. « Il nous est difficile de les rassembler pour les activités parce qu’il faut généralement payer leur déplacement et celui de leur guide. Nous demandons l’accompagnement des bonnes volontés. Elles ont le courage et la volonté mais elles sont freinées par les contraintes financières », a sollicité la présidente Marie Claude Forogo.

Farida Thiombiano
Lefaso.net

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