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Madame Chantal Compaoré : La première Dame sur tous les fronts pour les droits de la mère et de l’enfant

lundi 26 mai 2014

Aider les plus démunis en améliorant qualitativement leur condition sociale, voici le sacerdoce de la première Dame du Burkina, Madame Chantal Compaoré. Depuis la création en 1995, de la Fondation SUKA qu’elle dirige, cette mère courageuse s’est toujours constituée en avocate acharnée et infatigable de la mère, de la jeune fille et de l’enfant. Parcourant les provinces du Burkina, ou aux côtés de ses homologues premières Dames dans des tribunes internationales, elle a toujours su donner le meilleur d’elle-même pour défendre ces valeurs humaines qui lui sont si chères, et rappeler à tous que le combat pour une meilleure vie mobilise impérativement toute la société.

Question (Q.) : Comment est née l’idée de la Fondation SUKA ?

Mme Chantal Compaoré, première Dame (C.C.) : Depuis que les sociétés africaines sont en pleine mutation du fait de la pauvreté et de la mondialisation, l’enfant perd de plus en plus sa place privilégiée dans la communauté. En conséquence, il est devenu la première victime des différents changements économiques et sociologiques. Malgré les efforts immenses consentis par le gouvernement burkinabè et ses partenaires, les besoins alimentaires, sanitaires, scolaires ne sont pas toujours satisfaits et certaines catégories d’enfants sont marginalisées. L’on comprend dans ces situations que l’Etat seul n’est pas en mesure de faire face efficacement à tous les problèmes de l’enfance. Il appartient à la société civile de s’organiser pour participer au combat pour la survie, la protection et le développement de l’enfant au Burkina Faso.

C’est donc consciente de ces problèmes que j’ai organisé un groupe de réflexion autour des problèmes de l’enfance et que j’ai décidé de créer en 1989 l’association burkinabè pour la protection de l’enfance qui est devenue Fondation Suka (enfant en langue fulfuldé) en 1995. La fondation SUKA est donc une ONG qui a pour but la défense, la promotion et l’amélioration de la condition des enfants et particulièrement des enfants défavorisés. Elle souhaite être un relais indispensable pour coordonner toutes les bonnes volontés en vue de transformer tous les gestes en actions décisives de grande portée.

Nos objectifs sont de :
 sensibiliser la société burkinabè au déséquilibre social et aux conséquences de l’enfance inadaptée en attirant l’attention sur le désarroi que les enfants laissés à eux-mêmes vivent quotidiennement dans nos villes et campagnes. Un phénomène qui en appelle à la conscience de tout un chacun et qui nécessite des actions conjuguées ;
 Contribuer à la défense, à la vulgarisation et à l’application de la convention internationale des droits de l’enfant ;
 Promouvoir des actions sociales en faveur de l’enfant quelle que soit sa condition et en particulier les enfants défavorisés ; Participer activement en collaboration avec les pouvoirs publics à la création de structures d’éducation et de protection en vue de faciliter la réinsertion des enfants défavorisés dans la société.

Pour ce faire, nos stratégies sont les suivantes :
 la sensibilisation de toutes les couches sociales du pays : paysans, commerçants, fonctionnaires, ouvriers, artisans, élèves et étudiants, femmes, jeunes (à travers des clubs de jeunes), anciens, notamment grâce aux manifestions de soutien aux enfants défavorisés (arbres de Noël que nous organisons de manière tournante), utilisation des médias, organisation d’activités culturelles ;
 La mise en place et le fonctionnement de structures pour la protection de l’enfance en danger. Dans ce cadre, nous avons construit et équipé un village d’enfants à Ziniaré qui va accueillir une centaine d’enfants très prochainement.

Q. : Quel bilan peut-on faire aujourd’hui des activités de la Fondation ? Avez-vous des motifs de satisfaction ?

C.C. : J’ai des motifs de satisfaction eu égard au nombre de chantiers sur lesquels la Fondation est présente et a obtenu des résultats. Il s’agit entre autres :
 du plaidoyer en faveur des droits de l’enfant et plus particulièrement du droit des filles à l’éducation à travers plusieurs fora nationaux et internationaux et plus particulièrement le Sommet régional sur les droits de l’enfant, éducation et développement, organisé conjointement avec l’UNESCO, la Fondation pour l’enfance et le gouvernement burkinabè, à Ouagadougou ; du 17 au 21 février 1997 ;
 dans le domaine sanitaire, nous avons construit, équipé et mis à la disposition des populations la clinique SUKA, clinique performante au service des plus démunis. Cette clinique intervient en médecine générale, pédiatrie, gynéco-obstétrique, chirurgie générale, clinique dentaire, laboratoire, radiologie, anesthésie-réanimation, cardiologie. Un personnel compétent et dévoué est à la disposition des malades. Les enfants orphelins de Home KISITO y sont soignés gratuitement avec une prise en charge totale des frais d’hospitalisation.

 Le programme de lutte contre le VIH/SIDA reste l’une des composantes essentielles de l’action de la Fondation SUKA. En effet, dans le cadre de la prévention de la pandémie, un accent particulier est mis sur la participation aux efforts nationaux de lutte contre la pandémie et surtout sur toutes celles visant la transmission mère-enfant du VIH. Mieux, le programme vise à apporter à ce niveau un renforcement et une vulgarisation des actions de réduction de la transmission mère-enfant. Pour prévenir de façon primaire l’infection chez les femmes enceintes, la Fondation a formé les agents de la clinique EL FATEH/SUKA dans le conseil et le dépistage et mis en place une équipe PTME et un plateau technique adapté au dépistage.
 La Fondation SUKA a également équipé les centres hospitaliers de Ouagadougou, Bobo-Dioulasso, Ziniaré, Bourzanga, Zomkalga, Landaga, Pighin et Boulsa en matériel médical.

Elle offre des vaccins et préside également toutes les grandes campagnes de vaccination, et sa présence est un stimulant pour les mères de famille qui répondent présentes à son appel. Nous soutenons également les centres de récupération et d’éducation nutritionnelle, les pédiatries et les maternités par des dons de médicaments, vivres, lits orthopédiques, ambulances et motos ambulances.

Nous avons soutenu également le centre du NOMA de Ouahigouya et organisé en collaboration avec une ONG canadienne une chirurgie réparatrice des becs de lièvres et du noma en novembre 2007.
 dans le domaine scolaire, nous apportons un appui aux élèves issus de familles défavorisées (matériel scolaire, frais de scolarité). Nous soutenons la scolarisation des filles au secondaire, par un programme de bourses scolaires, et des prix d’excellence pour les filles qui excellent dans les disciplines scientifiques.
 L’année dernière, nous avons, avec l’appui de Synergies Africaines et des laboratoires du médicament, organisé un programme pour le bon usage du médicament.

Ce programme s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre du plan d’urgence de l’association panafricaine "Synergies africaines contre le Sida et les souffrances, volets" réduction de la mortalité maternelle et infantile et "atténuation des souffrances de l’enfant africain". Le but visé est de favoriser l’adoption et le maintien de bonnes pratiques dans l’usage des médicaments chez les enfants âgés de 7 à 15 ans, scolarisés ou non.

Le programme a touché 150 directrices et directeurs d’école, travailleurs et animateurs sociaux, issus de 45 écoles publiques, privées laïques et confessionnelles, et 3 centres d’Action sociale des provinces du Kadiogo, Bazèga, et de l’Oubritenga qui ont été formés pour la bonne diffusion du programme au bénéfice de plus de 6 000 enfants. Cependant, l’arbre ne doit pas cacher la forêt, je serais satisfaite lorsque nous améliorerons qualitativement et quantitativement la situation des enfants burkinabè.

Q. : Comment expliquez-vous votre engagement spécialement pour la cause de la mère et de l’enfant ?

C.C. : La première Dame d’un pays est aussi une mère de famille, et à ce titre tout ce qui est lié à l’enfance entre dans le cadre de ses activités, d’où la création d’une association nationale œuvrant en faveur de nos enfants. Mon devoir est de m’assurer du bien-être de ces enfants tant sur le plan éducatif, de la santé et de la protection de ses droits. Tout problème touchant à l’enfant et qui est porté à ma connaissance trouve un début de solution.

Je mets donc un point d’honneur à veiller personnellement à la bonne marche de la Fondation. Le bonheur d’un tout petit me prouve que mes efforts ne sont pas vains et surtout que je suis utile à mon pays. Il est tout aussi évident que lorsque l’on parle des enfants, il ne faut pas occulter les mères. C’est pourquoi j’accorde une attention particulière au bien-être des femmes

Q. : Vous êtes très impliquée dans la lutte en faveur du bien-être des enfants ? Qu’est-ce qui vous semble être la priorité dans ce domaine ?

C.C. : Il est difficile de définir une priorité parce que tout est prioritaire. Le bien-être des enfants passe d’abord par le respect de leurs droits, notamment :
 le droit à la survie et à la protection ;
 le droit à une alimentation suffisante, équilibrée et appropriée ;
 le droit à la santé ;
 le droit à la sécurité ;
 le droit à l’éducation et à la formation.

A partir de là, il faut définir des responsabilités (parents, société, associations, Etat). La priorité est donc d’abord la sensibilisation afin d’aboutir à une prise de conscience et au partage des tâches. La Fondation SUKA est le relais indispensable pour coordonner toutes les bonnes volontés en vue de transformer tous les gestes en actions décisives de grande portée. Je suis certaine que grâce à notre mobilisation, notre volonté et notre détermination communes, nous ferons avancer la cause de l’enfant en général et burkinabè en particulier.

Q. : Le ministère de la Santé annonce une recrudescence de la poliomyélite. Quel sentiment cela suscite-t-il en vous et que comptez-vous faire ?

C.C. : Il est évident que cette situation me peine et cela veut dire que nos campagnes de sensibilisation n’ont pas encore eu des effets satisfaisants. Qu’à cela ne tienne, il nous faut repartir à la charge, élaborer de nouveaux supports de communication et surtout ne pas négliger les centres d’alphabétisation et d’éducation non formelle des femmes, les maisons de la femme qui doivent être des lieux de conscientisation permanente.

Q. : La transmission mère-enfant du VIH/SIDA est aussi un de vos combats. Avec les progrès de la médecine dans ce domaine, quelles sont vos priorités ?

C.C. : S’il y a lieu de se féliciter des réalisations qui ont été effectuées, force est de reconnaître que beaucoup reste à faire, notamment dans les domaines suivants :

3 - L’insuffisance de la prise en compte du genre dans la lutte contre le VIH/SIDA et les IST , ce qui suppose l’amélioration des compétences des acteurs et actrices dans le domaine du genre ;

4 - La nécessité d’explorer de nouvelles voies notamment celles conduisant au changement de mentalité et de comportement. C’est pourquoi je plaide pour la mise en œuvre dans les écoles des programmes d’éducation pour les compétences de vie courante afin de permettre aux jeunes filles et aux garçons d’acquérir des valeurs et de savoir se fixer des objectifs et d’acquérir la confiance en soi. Tout cela nécessite un leadership fort et des efforts concertés pour la mise en place d’une chaîne de solidarité autour des malades du Sida.

Mes priorités restent donc les suivantes :
 Continuer et accentuer les programmes de prévention du VIH, notamment la prévention des nouvelles infections parmi les jeunes ;
 protéger des enfants affectés par le VIH contre la stigmatisation et contribuer à la prise en charge des orphelins et des enfants vulnérables ;
 contribuer à la réinsertion socioprofessionnelle des femmes vivant avec le VIH/SIDA par le financement d’activités génératrices de revenus, l’accès aux ARV, la gratuité des soins médicaux. Il nous faut également participer au plaidoyer pour améliorer la mobilisation des ressources pour les programmes de lutte contre le VIH au niveau de nos pays.

Q. : Vous êtes très engagée au plan africain avec d’autres premières Dames dans la lutte contre cette pandémie sur le continent. De quels moyens disposez-vous pour atteindre vos objectifs ?

C.C. : Synergies africaines est une association créée par des premières Dames d’Afrique en 2003. Elle compte également en son sein, des personnes physiques et morales de bonne volonté, des scientifiques qui contribuent à la vie active de l’association ainsi que les anciennes premières Dames d’Afrique et d’autres continents qui adhèrent à ses statuts. 22 pays sont aujourd’hui membres de cette association dont les objectifs sont entre autres, d’assurer l’épanouissement des jeunes africains face à la menace du VIH/SIDA, de créer un fonds de solidarité pour appuyer les efforts de lutte contre le SIDA et la misère, de contribuer à la recherche de la paix et au soulagement des souffrances des victimes des conflits et des crises en Afrique, et d’encourager la recherche vaccinale et le développement de l’industrie pharmaceutique.

Cette association est reconnue sur le plan international pour sa crédibilité. L’action des premières Dames vise à contribuer au renforcement des réponses nationales. De par leur position d’influence, elles suscitent des actions de plaidoyer, de communication et de mobilisation sociale mais aussi des actions concrètes de terrain directement perceptibles par les populations bénéficiaires.

L’Organisation est dotée d’un Secrétariat Exécutif chargé de la mise en œuvre des résolutions de la Conférence des premières Dames. Cette dynamique qu’impulse « Synergies Africaines » aux côtés d’autres acteurs publics et privés, nationaux et internationaux, s’articule autour de trois axes : national, régional et international.

A ces différents échelons, des actions de sensibilisation sont menées, des programmes et des Plans d’urgence mis en œuvre, visant à protéger les mères et les enfants du VIH, mais aussi à améliorer la couverture vaccinale des maladies infantiles dont la poliomyélite, la rougeole, le tétanos néonatal, avec des niveaux de mise en œuvre variant d’un pays à l’autre.

Aux échelons régional et international, il importe de souligner les actions concertées et la promotion d’actions de coopération et de partenariat en matière de lutte contre le SIDA dans les domaines de la prévention, de la prise en charge des malades du VIH/SIDA, de la recherche et de la mobilisation des fonds auprès des organismes internationaux (ONUSIDA, OMS, UNICEF, ONGs, Fondations, etc.), pour le financement des activités liées à la lutte contre le SIDA, à la promotion de la santé de la mère et de l’enfant, à la réduction de la pauvreté et des autres souffrances. Mais, face à l’ampleur des besoins, ces efforts restent insuffisants, non seulement en raison de l’insuffisance des ressources financières et humaines qualifiées mais aussi de la faiblesse de la mobilisation sociale pour une plus grande adhésion des populations aux programmes. C’est ce qui explique la nécessité d’une très large mobilisation des bonnes volontés, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du continent pour renforcer cette action salvatrice.

Q. : Ambassadrice de bonne volonté pour le Comité Inter-Africain sur les pratiques traditionnelles ayant effet sur la santé des femmes et des enfants (CI-AF), vous avez présidé récemment une rencontre des premières Dames sur la pratique transfrontalière de l’excision. Quelles sont les dispositions prises pour que les engagements soient tenus et que les recommandations soient suivies d’effet ?

C.C. : En effet, le 15 octobre 2008, une rencontre sur « la pratique transfrontalière de l’excision » a eu lieu à Ouagadougou. Cette rencontre visait à favoriser un plaidoyer de haut niveau sur la pratique transfrontalière de l’excision, afin de susciter une synergie d’action entre les pays touchés par ce phénomène dans la sous-région ouest-africaine. Nous étions profondément préoccupées par le fait que les politiques et les programmes mis en œuvre au cours des deux dernières décennies n’ont pas permis de mettre fin à la pratique de l’excision dans nos pays, et constaté plutôt avec inquiétude que les mesures répressives adoptées par les différents pays pour lutter contre la pratique de l’excision, ont entraîné une mutation à cause des stratégies de résistances développées par les populations pratiquantes compromettant ainsi à moyen et long terme les résultats obtenus au cours des décennies passées. Parmi les recommandations de la rencontre, je retiens six pour lesquelles je vais faire un suivi :

a) Entreprendre immédiatement un plaidoyer de haut niveau pour que l’égalité des sexes ainsi que la défense et la protection des droits humains fondamentaux des filles et des femmes soient considérées comme des préalables au développement, et que ces questions, en particulier les violences faites aux femmes et aux jeunes filles, figurent effectivement comme des priorités dans les agendas politiques des pays ;

b) Plaider pour l’harmonisation des instruments juridiques notamment par l’adoption / et ou la révision de lois portant répression de la pratique de l’excision et d’adoption d’un cadre juridique supra régional commun, intégrant de manière explicite la question transfrontalière d’ici fin 2010 ;

c) Soutenir l’élaboration rapide de mécanismes d’application des lois interdisant la pratique de l’excision pour assurer la protection des femmes et des filles à tous les niveaux et dans toutes les régions et mettre fin à l’impunité des contrevenants sans distinction de nationalité.

d) Mobiliser des ressources pour la création d’un fonds spécial pour la prise en charge médicale des femmes et des filles victimes des séquelles de l’excision dans les pays de la sous-région avant 2010 ;

e) Plaider pour l’harmonisation et la coordination des interventions des Partenaires techniques et financiers (PTF) dans leurs appuis aux Etats et aux Organisations de la Société civile pour accompagner de manière plus continue et durable, les actions entreprises en matière de lutte contre l’excision dans la sous-région ouest-africaine ;

f) Accélérer en collaboration avec les PTF et les Etats, les actions entrant dans le cadre de l’élaboration d’un plan d’action conjoint des pays de la sous-région sur la pratique transfrontalière de l’excision. Je crois que lorsqu’un problème est correctement posé, la solution existe. La rencontre a proposé des stratégies qui peuvent être opérationnalisées si la volonté de les mettre en œuvre existe et je crois que cette volonté existe au niveau des premières Dames et des gouvernements.

Q. : Que pensez-vous de la représentation actuelle des femmes en politique au Burkina et quel est votre point de vue sur la question des quotas ?

C.C. : Ces dernières années, sous l’impulsion de Son Excellence Monsieur le Président du Faso, le rôle et la place de la femme dans le champ politique et la gestion des affaires publiques ont été particulièrement renforcés. Cependant, cette représentation reste insuffisante. L’influence des femmes sera d’autant plus forte qu’elles seront plus nombreuses à représenter la défense des femmes et des questions qui les concernent. D’où la nécessité d’avoir une masse critique de femmes concernées par ces questions. Au niveau des droits politiques, je me suis déjà clairement prononcée pour un système de quota tout en demandant aux femmes de faire preuve de compétences pour mériter les postes de responsabilité, sachant que l’éducation des filles et des femmes sont des préalables à la réalisation de leurs ambitions.

Pour moi, le défi pour les femmes est d’aller au-delà du nombre afin de permettre aux nouvelles élues d’apporter un changement qualitatif dans toutes les sphères de décision. Les politiciennes leaders, nombreuses ou non, ne peuvent créer un réel changement que si elles sont en mesure d’utiliser leur pouvoir politique pour la promotion politique, sociale, économique et culturelle des femmes et d’autres groupes marginalisés. La représentation politique des femmes doit donc aller au-delà des chiffres pour montrer la différence notamment en assurant une meilleure prise en compte des problèmes et préoccupations des femmes au gouvernement, dans les parlements et dans les conseils municipaux et régionaux. Ce faisant, elles ne vont pas seulement augmenter leurs chances de succès, mais paver le chemin pour la prochaine génération.

Q. : Le thème retenu cette année pour commémorer le 8-Mars au Burkina est « Investir dans les femmes et les filles pour un développement humain durable : priorité et stratégies régionales ». Que vous inspire ce thème ?

C.C. : Le thème retenu est un approfondissement de celui du Forum national des femmes qui s’est tenu en novembre 2008, à Ouagadougou à savoir. « Investir dans les femmes et les filles pour un développement humain durable ». En raison de la forte proportion des femmes (51,7 % de la population) dans la société et de leurs divers rôles familial, social, économique et culturel, il est évident qu’aucune politique de développement humain durable ne peut produire les résultats escomptés sans une véritable promotion de la femme qui constitue un maillon essentiel dans sa mise en œuvre. Il nous faut élaborer et mettre en œuvre des stratégies novatrices dans l’optique de valoriser les ressources humaines féminines. C’est pourquoi j’avais invité au cours de mon allocution au Forum, les décideurs politiques, les autorités religieuses et coutumières ainsi que les partenaires au développement, à intégrer l’approche genre parmi les priorités de leurs projets, programmes ou activités.

Q. : Quels sont vos projets pour la période 2009 ?

C.C. : Dans le cadre de ma Fondation, je voudrais pour 2009 :
 Contribuer à l’accélération de la scolarisation des filles et l’alphabétisation des femmes de manière quantitative et qualitative ; et notamment à la lutte contre les violences faites aux filles à l’école et en dehors de l’école ;
 Participer à l’éducation civique des jeunes et à leur formation en compétences de vie courante et éducation à la vie familiale à travers notre section jeunes que nous allons responsabiliser à cet effet ;
 Poursuivre la campagne de sensibilisation sur le bon usage du médicament (BUM), et dans ce cadre, nous envisageons toucher 20 000 enfants des écoles des zones transfrontalières ;
 Continuer la lutte contre l’excision, notamment en contribuant à l’opérationnalisation des recommandations faites à Ouagadougou en 2008. Pour ma part, je continuerai à faire le plaidoyer à toutes les tribunes pour la mobilisation des ressources et des énergies ;
 Contribuer à la réparation des fistules obstétricales liées à l’excision à la clinique SUKA ;
 Construire un grand centre d’accueil pour les enfants victimes du Noma à Ouagadougou ;
 Terminer le programme de 15 forages productifs que nous avons entrepris dans deux provinces de l’Ouest du Burkina ;
 Opérationnaliser le village AL WALEED BIN TALLAL SUKA de Ziniaré et contribuer en collaboration avec le Ministère de l’Action Sociale et de la Solidarité nationale, à l’élaboration d’une politique nationale de prise en charge des orphelins et enfants vulnérables.

Le village d’enfants de Ziniaré a pour objectifs spécifiques de : oassurer la prise en charge psychosociale, l’éveil psychomoteur, la socialisation et la scolarisation d’enfants orphelins ou abandonnés âgés de 3 à 5 ans ; ofavoriser l’insertion sociale et professionnelle des pensionnaires du village d’enfants ; ocontribuer à l’amélioration du taux de scolarisation de la zone du projet.

Q. : Comment arrivez-vous à concilier vos activités sociales, la gestion de nombreuses manifestations pour lesquelles on vous sollicite comme marraine, vos fonctions de première Dame et votre rôle d’épouse ?

C.C. : C’est une question d’organisation. Je suis une femme très active et mes multiples activités n’entament en rien mon rôle d’épouse et de mère. Au contraire, je considère que c’est un devoir pour moi d’apporter ma pierre à la construction de notre pays.

Q. : Quel est votre plus grand rêve pour les femmes du Burkina ?

C.C. : Je reste profondément préoccupée par la situation des femmes en Afrique en général et au Burkina en particulier et l’impact négatif qu’ont sur elles, les problèmes tels que le VIH/SIDA, les conflits, la pauvreté, la violence contre les filles et les femmes. Je rêve d’un monde où toutes et tous grâce à une solidarité agissante, nous arriverons à juguler ces maux.

Entretien réalisé par Béatrice TIENDREBEOGO : Direction de la Communication de la Présidence du Faso

Sidwaya

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