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Made in Burkina : « Faso Attiéké », le goût de la persévérance

vendredi 13 octobre 2023

Au Burkina Faso, l’attiéké (semoule de manioc) n’est plus un luxe pour les consommateurs. L’on retrouve à chaque coin de rue, des « attiékédromes » ou « garbadromes », pour le plus grand bonheur des papilles. Si vous êtes un amateur de cet met, de plus en plus prisé dans nos villes, peut-être, avez-vous déjà mangé les produits de « Faso Attieké », l’un des fleurons de la transformation agroalimentaire au Burkina.

Créée en 2010 par Florence Bassono/Kaboré, secrétaire de direction bilingue de formation, l’entreprise produit trois à quatre tonnes d’attiéké par jour et emploie plus de 70 personnes, dont 90% composées de femmes. Faso attiéké collabore avec la Coopérative des transformatrices des produits agricoles (CPTA) qui regroupe plus de 900 producteurs. C’est donc par cette entreprise que nous débutons notre série d’articles et de vidéos consacrés aux produits (gastronomiques, vestimentaires, artisanaux, technologiques) « Made in Burkina ». Entretien.

Lefaso.net : Pouvez-vous présenter davantage à nos lecteurs ?

F.B. : Je suis madame Florence Bassono, secrétaire de direction de formation, mariée et mère de trois enfants. Je suis la gérante de Faso Attiéké, qui est une entreprise sociale et inclusive qui a pour mission d’autonomiser les femmes. Nous produisons et commercialisons les semoules de manioc appelées “attiéké” afin de permettre à la population de manger sain, facilement et également créer des sources de revenus durables pour les femmes.

Parlez-nous de Faso Attiéké et en quelle année l’aventure a débuté avec cette entreprise ?

Nous l’avons démarré en 2010. Étant secrétaire de direction de formation, j’ai travaillé pour des gens. Mais au fond de moi, j’ai remarqué la fibre entrepreneuriale en moi depuis toute petite. Ayant grandi en milieu rural avec mes parents qui étaient enseignants, on s’est promené auprès des femmes. J’ai vu dans quelles conditions les femmes vivaient et cela m’a touché. Face à cette situation, j’ai nourri l’envie de devenir un jour avocate de ces femmes défavorisées. C’est ainsi qu’en 2009, quand j’ai été menacée de licenciement, il a fallu entreprendre.

Mais dans quel domaine entreprendre ? Naturellement en tant que secrétaire, je pouvais ouvrir un secrétariat public.

Mais en réfléchissant, je me suis dis que je ne pouvais pas défendre les femmes en ouvrant un secrétariat dans lequel je ne pourrai embaucher que cinq personnes au maximum. Donc, il me fallait une activité qui allait me permettre d’atteindre mes objectifs. Et c’est dans cette ambiance de licenciement que j’ai voyagé et j’ai vu la manière dont on transportait l’attiéké qui était tellement aimé au Burkina. En son temps, il n’était pas donné à n’importe qui de consommer de l’attiéké. Mais quand j’ai vu la manière dont l’attiéké était transporté, j’ai été tout suite dégoûtée et je me suis promise de ne plus jamais consommer ce plat.

J’avais déjà quitté mon boulot et j’étais dans un programme de développement de l’agriculture. Un soir à la descente du boulot, j’ai vu une dame qui avait de l’attiéké sur elle et ce qui a attiré mon attention, c’est la vapeur qui était sur le sachet. Je l’ai appelée pour toucher le sachet et j’ai senti que l’attiéké était chaud. « On peut donc produire de l’attiéké ici au Burkina et nous, nous mangeons du n’importe quoi », me suis-je dis. C’est là qu’une voix a retenti et m’a dit : « Voici ton activité ». Et moi, j’ai donc écouté cette voix qui a résonné en moi.

Dans ce programme, je n’ai fait qu’un mois et je suis partie dans une autre structure où j’ai eu le temps de mûrir mon idée et de démarrer mon entreprise dans l’objectif d’aider ces femmes à s’améliorer. Elles produisaient l’attiéké mais n’avaient pas de compétences ni de cadre idéal. Et moi qui ai fait l’école, il fallait amener la révolution dans ce domaine. C’est ainsi qu’en 2010, nous avons créé l’entreprise avec trois personnes (ma belle-sœur, ma cousine et ma voisine) qui ne faisaient rien en son temps. Nous avons fait la formation ici au Burkina, en essayant d’améliorer pour arriver au stade où nous sommes aujourd’hui.

Lors de mes recherches, j’ai découvert que vous commercialisez plusieurs variétés d’attiéké : L’attiéké simple, président, Première dame, Premier ministre, l’Agbodjama chef, l’attiéké déshydraté. Qu’est-ce qui fait la particularité de chaque variété ?

L’attiéké président, c’est l’attiéké qui est au top à notre niveau. C’est de l’attiéké aux grains très fins et sa préparation demande beaucoup plus d’attention et de temps. C’est agréable à la bouche. L’attiéké simple, c’est ce que les gens appellent communément “Garba”. Nous avons aussi l’Agbodjama qui peut être en gros grains ou en petits grains et c’est le petit grain que nous appelons “Agbodjama chef”, puisque c’est lui qui a demeuré pendant longtemps le chef, le patron. Nous avons fait sortir l’attiéké “Premier ministre” qui est juste l’amélioration de l’attiéké Agbodjama gros grains. Il y a une dame qui aime dire que ça ressemble aux œufs de poisson et que ça glisse bien dans la bouche.

Nous avons la dernière gamme de l’attiéké frais qui est la Première dame. Elle est beaucoup plus élégante. Avec la Première dame, l’idée est de renforcer les éléments nutritifs de l’attiéké. Donc, en consommant l’attiéké Première dame, on protège le foie contre le cancer et ça facilite la digestion. Il y a de nombreuses personnes qui n’arrivent toujours pas à bien digérer l’attiéké et avec nous, tout Burkinabè même en étant malade, doit pouvoir consommer l’attiéké et contribuer à l’amélioration de sa santé. Nous sommes dans la transition alimentaire. Nous ne séchons pas l’attiéké simple. C’est l’Agbodjama, le Premier ministre et le président que nous séchons pour le moment.

De nombreuses personnes ont commencé à consommer l’attiéké séché à cause de la crise sécuritaire qui a bloqué nos frontières. L’attiéké frais se gâtait. On pouvait envoyer de l’attiéké frais hors du pays et cela pouvait prendre deux semaines avant d’arriver. Nous avions des pertes à tous les niveaux. Aujourd’hui, ceux qui sont à l’extérieur commencent à en prendre et on a même des Burkinabè qui ont compris maintenant que c’est comme du couscous arabe.

Nous avons encore une nouvelle formule pour préparer l’attiéké sec. Vous le renversez dans un plat thermos, vous rajoutez la même quantité d’eau bouillante, vous fermez pendant dix minutes et vous avez votre attiéké normalement. Toujours dans notre esprit de transition alimentaire.

Pouvez-vous nous donner les différentes étapes de production de l’attiéké ?

Il y a deux processus en fonction de la matière première que nous utilisons. Quand le manioc est disponible au niveau de nos producteurs que nous avons organisés, nous allons prendre le manioc, le nettoyer, le broyer et fermenter. Ensuite, nous allons presser et enlever l’eau qui est dangereuse. Nous formons les grumeaux en fonction du type d’attiéké qui est demandé. Et enfin, nous séchons, passons à la vapeur et conditionnons pour vendre.

Mais quand il n’y a pas de manioc, nous utilisons la pâte de manioc qui est de la matière première pré transformée pour faciliter sa conservation. Puis, on le nettoie, on presse, on forme les grains en fonction du besoin, on sèche et on passe à la vapeur avant de conditionner pour le mettre sur le marché.

Quelle est votre capacité de production journalière ?

Quand on a assez de stocks de matière première, nous sommes à trois, quatre tonnes. Mais par moments, on est obligé de réduire la production pour ne pas être à sec. Parce que cette année, nous avons été pendant longtemps à sec par manque de matière première.

Produisez-vous, vous-même le manioc ou l’achetez-vous auprès de vos fournisseurs ?

Faso Attiéké ne produit pas de manioc elle-même, mais elle est dans une démarche d’agriculture contractuelle agroécologique avec un réseau de producteurs que nous avons organisés. C’est environ 900 producteurs regroupés par de petites coopératives reconnues par la nouvelle loi OHADA.

Mais, actuellement le Burkina Faso n’a pas toutes les conditions réunies pour produire le manioc en quantité suffisante pour satisfaire la demande pour notre activité. Les producteurs n’ont pas d’eau, ni un système de protection de leurs champs contre la divagation des animaux.

Pour cette raison, nous sommes obligés de faire recours à la matière première importée des autres pays. Ça vient le plus souvent en mauvaise qualité et nous sommes obligés de déclasser et de rester sans production. A cela s’ajoute le problème de transport qui bloque l’acheminement.

Quelles sont les localités dans lesquelles se trouvent les producteurs ?

Les producteurs sont au Centre-Est, au Centre-Ouest, au Centre-Sud. Il y a aussi d’autres zones de production mais pour le moment nous ne prenons pas dans ces localités sauf au Sud-Ouest. Mais c’est la distance qui pose problème et aussi on n’est pas assez bien équipé pour s’installer auprès de ces zones. Cette année, avec l’accompagnement des différents projets, nous avons reçu de nos producteurs environ 500 tonnes de manioc.

Combien de personnes employez-vous ?

Faso Attiéké compte de nos jours 73 personnes permanentes parmi lesquelles, nous avons 65 femmes. Au niveau de nos producteurs, il y a 30 à 40% de femmes et même les revendeurs sont composés à 95% de femmes. Idem pour les distributrices que nous avons.

Qui sont vos principaux clients ?

Faso Attiéké vend ses produits avec les ménages à fort revenus et les ménages à faibles revenus. On a aussi les restaurants et les revendeurs qui prennent l’attiéké.

Comment les clients apprécient-ils la qualité de vos produits ?

Cette année, nous avons fait une enquête auprès de nos clients et nous avons eu des retours positifs, mais aussi négatifs. Il nous a été reproché les problèmes de disponibilité de l’attiéké. Pour le retour positif que nous avons eu, c’est que nous faisons du bon boulot, l’attiéké est de bonne qualité, il n’est pas aigre et ne contient pas de sable. Et ce sont ces retours qui nous encouragent beaucoup ».

L’activité est-elle rentable ? Si oui peut-on connaître votre chiffre d’affaires ?

Je ne dirai pas le chiffre d’affaires. (Rires). L’activité est rentable et notre production journalière varie de deux à quatre tonnes.

Quelles difficultés rencontrez-vous ?

La première difficulté, c’est la disponibilité de la matière première et surtout le transport de la matière première. Et au niveau de la production locale, il y a les producteurs qui ne sont pas encore compris. Les institutions financières ne maîtrisent pas la filière manioc. Il n’y a pas cette confiance. Quand on les approche pour leur demander d’accompagner les producteurs, ils ne croient pas trop et ils ont tendance à confondre le manioc avec d’autres spéculations qui durent trois mois. Le manioc, c’est de huit mois à quinze mois en fonction de la disponibilité de l’eau. Donc, quand on prend un crédit, il faut qu’il soit remboursé après la deuxième année.

Une autre difficulté avec eux, ce sont les garanties que les producteurs n’ont pas. Quand on les approche par exemple pour nos producteurs, ils demandent tout suite les papiers du terrain. Nous connaissons la situation dans notre pays. Quand un jeune grandit, on lui donne la terre. Il peut la cultiver et s’il meurt, ses enfants vont hériter de la terre et la cultiver à leur tour. Mais le jour où ils diront qu’ils veulent les papiers du terrain, ça va créer un problème. Donc dans ce contexte-là, comment faire pour que le producteur puisse avoir un financement pour rendre le manioc disponible ? Je détaille tout ça parce que c’est le principal problème que nous rencontrons.

Aussi, les projets qui sont là choisissent à l’avance les zones. Et souvent, je me demande si les producteurs qui sont dans les zones que l’on rejette à chaque fois ne sont pas des Burkinabè. Qu’est-ce qui se passe ? Ce sont dans les mêmes zones que les projets s’installent. Nos producteurs veulent bien travailler. Ce sont les mêmes personnes qu’on brime, qui vont se retrouver dans les sites d’orpaillage ou bien qui deviennent des délinquants en ville.

Il faut disponibiliser l’eau pour les producteurs, nous aider à accompagner les producteurs. A notre niveau, nous avons deux sites de production à Ouaga et autour de Loumbila avant le péage. Nous n’avons pas d’électricité dans la zone, ce qui limite notre capacité de production.

Aujourd’hui, c’est la récolte. Nos producteurs ont déjà commencé à appeler. Mais, nous ne pouvons pas absorber une quantité importante par jour. Vu qu’au niveau de la transformation du manioc, il nous faut l’électricité. Nous avons pris des machines malheureusement, il n’y a pas d’électricité. Nous avons approché la SONABEL en son temps, qui nous a tendu une facture de 39 millions de francs CFA, il y a trois ans. On n’avait pas les moyens pour avoir ce fonds-là.

Nous avons approché des institutions financières dans le cadre d’un projet, mais ce volet a été balayé. Et nous avons approché ceux qui font l’installation de l’énergie solaire. Il y a des programmes qui font l’installation, malheureusement, nos zones ne sont pas concernées. Et le coût également est très élevé pour nous. Donc voilà le problème.

On a commencé à zéro emploi à Loumbila. Et en 2021, on s’est dit que, d’ici 2024, nous devrions être à 150 personnes. Aujourd’hui, à Loumbila, nous sommes 26 personnes. Alors que si on avait l’électricité, on aurait pu dépasser les 150 personnes.

Les gens affluent, surtout les personnes déplacées internes. Nous sommes obligés de les prendre au compte-goutte parce que nous n’avons pas de capacités pour les absorber. Donc, c’est un véritable problème. Je profite pour lancer un cri de cœur.

En novembre 2019, vous avez reçu le prix Pierre Castel décerné au cours du 5e Salon international de l’agriculture et des ressources animales d’Abidjan (SARA). Qu’est-ce ce que ce prix a apporté dans le développement de votre activité ?

Effectivement, nous avons en 2019 postulé à la deuxième édition du prix Pierre Castel, et nous avons été lauréate burkinabè. Et ce prix a été remis à l’occasion du SARA 2019. Et la petite histoire, c’est que quand je passais devant le jury, ils m’ont dit : « Toi, tu as un projet de 1 milliard 500 millions de francs CFA, alors que nous avons une cagnotte de 10 millions. Est-ce que tu ne perds pas ton temps ? ». J’ai répondu : « Non » et que ce n’est pas l’argent qui m’amène à postuler, mais la communication qui sera faite autour de la compétition.

Dieu a vraiment fait grâce et il y a eu une forte communication au niveau international sur ce prix, et des gens qui ne nous connaissaient pas nous ont connu. D’autres même ne savaient même pas qu’on pouvait produire de l’attiéké au Burkina. La curiosité pour ceux qui sont à l’étranger et la fierté des Burkinabè les ont amenés à goûter, et comme on le dit à Faso Attiéké, « c’est tester, rester ». Donc, voilà le grand avantage que ce prix nous a apporté. Sans oublier que les 10 millions que nous avons reçus nous ont permis de boucher les trous. Juste après le prix, nous avons eu des difficultés pour recevoir notre matière première à cause du transport. C’était inexploitable. Donc, cet argent que nous avons eu a permis de boucher ce trou, puisque nous avons déjà eu une communication gratuite

Quelles sont vos perspectives pour l’année à venir ?

Faso Attiéké compte, pour les années à venir, renforcer davantage son réseau de producteurs. Donc nous continuons le plaidoyer pour que les producteurs soient réellement équipés. Il y a le marché qui est là et beaucoup de transformatrices importent la matière première. Si les producteurs sont renforcés, et arrivent à produire au-delà des besoins de Faso Attiéké, cela va profiter à toutes ces femmes qui sont organisées autour de la transformation du Manioc.

On a entendu parler du programme du président du Faso. Nous osons espérer que les producteurs de Faso Attiéké ne seront pas mis à l’écart de ce programme-là, parce qu’on voudrait vraiment contribuer au développement de notre pays.

Faso Attiéké a pour projet de devenir une entreprise totalement verte. Nous travaillons déjà dans ce sens. Si vous partez à Loumbila, vous allez voir qu’il y a un bio digesteur qui a été mis en place pour assainir l’environnement. Et également, l’objectif de ce bio-digesteur, c’est de pouvoir utiliser le biogaz. Les déchets autrefois nous dérangeaient et étaient très coûteux pour nous. Chaque jour, il fallait payer 30 à 35 000 FCFA pour vider l’eau, mais aujourd’hui, cette eau-là et les autres déchets solides sont utilisés dans le bio digesteur pour produire du biogaz. Donc, c’est vraiment très intéressant. Nous avons commencé et les tests sont bons. Maintenant, il faut continuer et construire l’unité de cuisson pour utiliser à fond ce bio digesteur. Ce bio digesteur nous donne du compost, qui sera redistribué à nos producteurs pour faciliter la régénération assistée des sols, parce que nous ne voulons pas d’engrais chimiques ni de produits de traitement chimiques dans les champs de manioc.

Ensuite, nous sommes déjà certifiés NBF. Nous sommes en cours de certification HACCP, mais nous voulons passer à l’étape supérieure et avoir une certification ISO 22 000 et pouvoir pénétrer tout le marché au niveau international.

Quel message à l’intention des Burkinabè pour les amener davantage à consommer ce que nous produisons ?

Aimons-nous vivants. Soutenons-nous vivants. Sachez qu’en consommant une boule d’attiéké, ce n’est pas à Madame Bassono que vous donnez de l’argent. Faso Attiéké représente tout une histoire, une vie. Si vous rentrez, vous verrez une crèche pour ces femmes qui n’ont pas les moyens de prendre des gardes bébés et qui ne peuvent pas les laisser à la maison à cause du contexte culturel. Donc, nous avons pris ces femmes à la base, alphabétisées. Et on prend les enfants également avec une nounou qui s’en occupe. Il y a également un repas pour ces enfants et leurs mamans à midi. Et également la semaine passée par exemple, nous avons organisé un dépistage de l’hépatite B. Celles qui ne sont pas atteintes ont déjà pris leur dose de vaccination. Comment arrivons-nous à faire cela ? C’est parce que vous achetez une boule d’attiéké. Donc, même si vous ne m’aimez pas, voyez ces femmes qui sont derrière, voyez ces producteurs.

Quand la rentrée approche, les mamans viennent pour demander de l’argent pour pouvoir scolariser les enfants. Souvent, je demande où sont leurs époux. Elles répondent souvent que le mari dit à l’enfant de laisser tomber l’école parce qu’il n’a pas d’argent. Donc, la maman est obligée de payer la scolarité de son enfant. Quand vous allez consommer Faso Attiéké, vous allez consommer local, vous allez permettre de donner de l’emploi indirectement à toute cette grande famille, Faso Attiéké.

Avez-vous un conseil à donner aux jeunes qui aimeraient entreprendre comme vous ?

Le conseil que je vais donner à tous mes frères et sœurs, à mes mamans qui veulent entreprendre, c’est déjà de savoir quelle est leur vocation en fait. Parce que si ce n’était pas une vocation, je vous assure qu’il y a longtemps que l’entreprise serait fermée. Et si c’est une vocation, il y aura ce don de soi. L’objectif premier de l’entreprenariat n’est pas de gagner de l’argent. Si c’est votre vocation, même si ça ne marche pas, vous allez chercher des solutions pour pouvoir arriver à vos objectifs.

Quand nous avons commencé, nous avions vraiment des difficultés, avec des pertes. Nous avons persévéré parce que nous croyions. Au début, ça n’intéressait même pas les clients. Ils regardaient avec dédain nos produits quand tu leur disais que c’était de l’attiéké du Burkina. Avec mon niveau d’études, quand je me rendais au marché et criais “Attiéké chaud, un à 200 FCFA, trois à 500 FCFA”, il y avait des regards pesants sur moi. Je faisais fi de ça parce que je croyais en ce que je faisais. Et il faut effectivement de l’humilité et il faut compter sur la grâce du Dieu. J’ai toujours compté sur la grâce du Dieu et c’est ce qui fait ma force et me permet de me ressaisir quand il y a un petit découragement ou un petit problème qui se pose à moi.

Comment trouver les produits Faso Attiéké ?

Vous pouvez avoir Faso Attiéké directement à la boutique, au siège, qui fait face à la petite porte de Bangré Métiers, au quartier Zone 1. Si vous tapez sur Google Maps, vous aurez la géolocalisation. Vous pouvez aussi nous contacter sur Facebook et suivre la page Faso Attiéké. Vous pouvez également nous suivre sur Twitter et sur WhatsApp également. Si vous appelez, nous avons des numéros commerciaux : le 68 04 60 60 qui est aussi un numéro WhatsApp. Nous avons le 60 53 95 95 et le numéro de commande fixe qui est le 64 98 05 05. Si vous appelez, vous pouvez demander la livraison. Nous avons des distributrices qui vont vous rejoindre pour la livraison.

Merci de nous avoir accordé cet entretien. Avez-vous quelque chose à ajouter ?

Je voudrais dire merci à la population burkinabè qui nous a soutenu et qui continue de nous soutenir. Ça nous va droit au cœur, à moi et à toute l’équipe. Et j’aimerais dire merci également à tous les partenaires qui croient en nous, qui travaillent dans l’ombre et qui nous soutiennent. Seul Dieu pourra vous remercier à notre place. Nous voulons appeler nos autorités, à vraiment se pencher sur la question de l’électricité au niveau de notre site pour nous permettre de booster les activités et pouvoir contribuer au développement de notre pays à travers la création d’emplois, la sécurité alimentaire et l’autonomisation des femmes. Aussi, qu’elles se penchent sérieusement sur la question de nos producteurs qui ont besoin d’eau pour produire le manioc. Donc, ils ont besoin de forages, de sources d’eau pérennes. On ne peut pas produire du manioc suffisamment ou faire la transformation en comptant que sur l’eau de pluie. Et ils ont aussi besoin de sécuriser leurs parcelles. Il faut enfin faciliter l’accès au crédit à ces producteurs.

Fredo Bassolé
Faouzia Ouédraogo
Lefaso.net

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