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Produits alimentaires locaux : Le soumbala cherche son marché

vendredi 6 novembre 2015

Issu de la transformation des grains du néré, le soumbala est un bouillon culinaire local bien prisé en Afrique de l’ouest, et singulièrement au Burkina Faso. Traditionnellement produit à la main et de façon strictement artisanale, cet assaisonnant alimentaire connait, depuis peu, un début de production semi-industrielle grâce à une technique utilisée et vulgarisée par la vingtaine de femmes membres du groupement « Sienouma » de Bobo Dioulasso que nous avons rencontrées le vendredi 2 octobre 2015.

Au quartier Kuinima, situé en plein centre de Bobo-Dioulasso, les membres du groupement de femmes « Sienouma » s’activent à la production de soumbala. Ces braves femmes, pleines de vie et de joie, âgées de 25 à 75 ans que nous avons rencontrées le 30 septembre dernier, nous ont expliqué volontiers, les différentes étapes de la fabrication de soumbala. Si autrefois tout se faisait à la main au mépris des règles élémentaires de l’hygiène et de la propreté, les transformatrices qui ont bénéficié de plusieurs formations sur ce métier fabriquent désormais le soumbala avec davantage de soins.

Depuis 2011, les vingt femmes du groupement Sienouma se sont organisées en groupes de cinq pour plus d’efficacité dans la production du soumbala. Elles achètent d’abord les sacs de néré – une dizaine à la fois – qu’elles stockent dans un petit magasin. Ensuite, chaque groupe de cinq utilise un sac de néré pour en transformer le contenu en soumbala, suivant un processus assez long et méticuleux. Lequel processus commence par un mélangeage des grains avec de la cendre pour un premier lavage. Après cette étape, les grains sont bouillis pendant environ une heure. Une fois retirés du feu, ils sont pillés au mortier pendant 30 minutes pour être épluchés. Juste après, le produit obtenu est lavé à grande eau au moins quatre fois successivement pour le débarrasser des débris. Les grains de néré désormais blanchâtres sont immédiatement remis à la marmite pour être bouillis jusqu’à cuisson. Ensuite, on les sèche au soleil et les conditionne dans des sachets à l’aide d’une machine moderne.

Pour quel marché ?
Le soumbala ainsi obtenu est conditionné en sachets de 40 boules par le groupement Sienouma qui le place sur le marché local. « Nous les vendons également lors des foires telles que pour la Semaine nationale de la Culture, la journée du paysan, la foire internationale de Bobo », confie Adiara Sanou/Dao. Ce produit alimentaire n’est malheureusement vendu qu’en détail, faute de marché pour l’écouler en gros. Les femmes de Sienouma sont pourtant convaincues que la demande est réelle tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du Burkina. « Le soumbala contribue fortement à la sécurité alimentaire. Et nous, nous pouvons produire environ cinq sacs par jour pour satisfaire la demande », a noté Mamounata Sanou, une des productrices/transformatrices. Ce marché, selon les productrices, peut être tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du Burkina comme, le Niger, le Mali ou même la France où la demande n’est pas à négliger.

En tout cas, l’objectif de qualité et d’hygiène dans la transformation du soumbala est aujourd’hui atteint, nous a confié Aboubacar Traoré, coordinateur de la Fédération des professionnelles agricoles du Burkina. Reste maintenant la grande problématique de la commercialisation. Pour lui, le premier marché est d’abord local. « Nous allons toutefois faire la promotion dudit produit auprès d’autres partenaires étant donné qu’il n’y a pas de marché institutionnel pour le soumbala », dit-il. Avant de renchérir que « Si c’était le beurre de karité qui a sa place dans la production industrielle et cosmétique, l’on pouvait espérer, mais le soumbala n’étant utilisé que dans l’alimentaire, il y a encore des efforts à faire pour lui trouver une place dans le commerce international ».
Toute porte à croire donc que l’accès au marché pour la filière néré n’est pas pour demain. En attendant, les femmes qui s’adonnent à cette activité ne le regrettent point. Elles utilisent les bénéficies générés par cette activité pour mener d’autres activités également génératrices de revenus ; ce qui leur permet de joindre les deux bouts entre deux récoltes agricoles. Et ce n’est pas Mamounata Sanou, 70 ans, qui dira le contraire, elle qui, depuis 2011, a cessé d’aller dans la rue pour quémander, grâce à l’activité de production du soumbala qui, vraisemblablement, lui réussit bien.

Bassératou KINDO
Lefaso.net

  • Messages publiés : 2 (triés par date)
  •   1 - commentaire sur le soumbala

    27 janvier 2016 15:48, par hamali

    je soutien que le soumbala est vraiment un produit a ne pas négligé dans le commerce des produits alimentaires de notre « pays » je souhaite que le ministère de l’industrie et du commerce aie un œil sur la possibilité de booster cette initiative.

  •   2 - Produits alimentaires locaux : Le soumbala cherche son marché

    8 février 2016 00:23, par Thérèse ky

    toutes mes encouragements braves femmes

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