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Hélène Zoma ou Hélène ‘’Djaba’’, « Nos oignons viennent de la Hollande et du Maroc »

vendredi 12 septembre 2014

Cinquante ans de carrière, une renommée sous régionale, Hélène Zoma, affectueusement appelée par ses proches collaborateurs Hélène ‘’Djaba’’est une vendeuse d’oignons, de fruits et autres légumes. Cette dame, mère de famille a accepté dans un entretien accordé a Sidwaya de lever le voile sur un pan de son activité professionnelle, sa vie familiale.

Sidwaya (S) : comment vous présenteriez-vous à ceux qui ne vous connaissent pas ?

Hélène Zoma (H.Z.) : Je m’appelle madame Hélène Zoma, je fais le commerce des oignons, des fruits et autres légumes. Je suis veuve et j’ai six enfants.

S : Quand avez-vous commencé à exercer ce métier ?

H.Z. : J’ai commencé à mener cette activité depuis mon école primaire avec ma mère à Koudougou. Nous vendions nos produits à la gare ferroviaire. Nous les mettions dans des assiettes et dès l’arrivée de la locomotive, nous les présentions aux éventuels voyageurs.

C’était au milieu des années 60. Cela a coïncidé avec mon admission au Certificat d’études primaires (CEP). J’ai ensuite fait deux ans pour préparer mon CAP (Certificat d’aptitude professionnel) et par manque de moyens, j’ai dû arrêter les études.

S : Pourquoi vous appelle-t-on ‘’Hélène Djaba ‘’ ?

H.Z. : (rires) Je ne sais pas pourquoi on me surnomme ainsi. Je l’ai entendu comme cela. Mais c’est surtout à mon insu.

S : Est-ce que votre activité nourrit son homme ?

H.Z. : C’est un commerce instable. Dans tout commerce, il y a des « hauts » et des « bas ». Il arrive des moments où on réalise des bénéfices et d’autres où l’on enregistre des pertes. Il y a un proverbe moaga qui dit que « j’ai commis l’adultère par contrainte mais la suite fut joyeuse ».

En effet, nous nous sommes lancées dans le commerce des oignons pour « gagner de quoi nous nourrir et nourrir notre famille ». Ce travail m’a amené à abandonner mes études pour aider ma maman à s’occuper de mes frères et sœurs. Car je fais partie des ainés de la famille et c’était de mon devoir de me sacrifier pour mes jeunes frères.

S : Comment évaluez-vous la rentabilité de la vente des oignons ?

H.Z. : Nous ne pouvons pas savoir combien nous gagnons par mois dans la vente d’oignon. En plus, Comme je ne suis pas une comptable professionnelle cela m’empêche de faire des bilans financiers et avoir une vision prospective.

Si le chiffre d’affaire augmente on sait qu’on gagne quelque chose. La preuve est que j’avais une moto et présentement, j’ai des camions de transports et une voiture personnelle. Mais je ne peux pas dire avec exactitude ce que je gagne.

S : A combien de francs estimez-vous votre chiffre d’affaires ?

H.Z. . : C’est ça le problème (rires). Nous avons un comptable qui s’occupe de nos impôts. C’est lui qui « gère » les procédures de sorties en d’entrées d’argent. Je travaille avec mes enfants et mes frères ainsi que d’autres personnes qui sont rémunérées par mois mais la rémunération se fait selon la période et le travail accompli, puisque nos marchandises ne sont pas disponibles à tout moment.

La rémunération se fait selon la période et le travail. Chaque personne a une tâche bien précise à exécuter. Il y a par exemple ceux qui sont chargés de vérifier la qualité du produit auprès des producteurs et d’autres qui s’occupent de la vente.

S : Comment arrivez-vous à manager toutes ces personnes ? N’y a-t-il pas de concurrence entre elles qui vous complique la tâche ?

H.Z. : Non, il n’y a pas de concurrence entre eux. Au fait, les tâches sont bien déterminées. Certains de mes collaborateurs travaillent uniquement au Burkina Faso, pendant que d’autres sont au Niger et dans d’autres pays de la sous région. Au Burkina, j’emploie environ 20 personnes ce qui contribue à réduire un tant soit peu le nombre de chômeurs.

S : En plus du Niger, intervenez-vous dans d’autres pays ?

H.Z. : Oui j’interviens aussi, en Côte-d’Ivoire, au Maroc et en Hollande selon les périodes. Nous intervenons partout où le besoin se fait sentir. Nos produits proviennent soit en bateau en ce qui concerne la Hollande ou en camion frigorifique pour le cas du Maroc. Pour le Niger ce sont nos camions, au nombre de six qui font la navette.

S : Quelles sont les difficultés que vous rencontrez dans l’exercice de votre activité ?

H.Z. : Comme tout travail, les difficultés ne manquent pas. Pour la vente à l’extérieur, le début a été vraiment difficile, un travail harassant. Nous avons par la suite installé des représentations notamment en Côte-d’Ivoire. Cependant le Ghana reste une épine à nos pieds car là-bas, il faut passer par un tiers pour écouler nos produits pour lui donner en retour une commission même en cas de faillite.

Il y a également les difficultés de conservation et de stockage des produits, surtout les oignons. Vous voyez ces oignons qui sont étalés sous le hangar, c’est par manque de local qu’ils sont pourris.

S : Y a-t-il une différence de prix dans le ravitaillement en fonction des lieux d’approvisionnement ?

H.Z. : Ça ne peut pas être le même prix. Il arrive parfois que les oignons du Burkina Faso coutent plus chers que les ceux importés. Pendant les récoltes, les producteurs nous appellent de toute part. Lorsque la production baisse, il y a une certaine rétention du produit. Nous vendons généralement en ‘’gros’’ mais il nous arrive aussi de le faire en détail.

S : Qu’en est-il de la qualité des oignons que vous achetez ?

H.Z. : A ce propos je dirai que les produits burkinabè sont d’une qualité supérieure par rapport aux autres que nous importons.

Entretien réalisé par Wamini Micheline OUEDRAOGO

Sidwaya

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