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Enterrement de vie de jeune fille : Un phénomène qui a la cote auprès des futures mariées à Ouagadougou

mercredi 28 février 2024

Fête ou activité qui marque la fin de la vie de célibataire avant de se mettre la corde au cou, l’enterrement de la vie solitaire est de plus en plus à la mode chez les Burkinabè. En grande pompe ou de façon symbolique, chacun fait selon ses moyens. Même si le concept concerne tout futur(e) marié(e), à Ouagadougou, c’est une pratique qui se constate en majorité chez les filles.

La notion d’enterrement de vie célibataire est née dans les pays anglo-saxons. Même si elle concerne l’homme et la femme, au Burkina Faso, ce sont surtout les filles qui enterrent leur vie de jeune filles. Soirée en boîte, dîners entre copines, jeux coquins ou voyages, il y a plusieurs types d’enterrement de vie de jeune fille. Pour certaines, ce sont des soirées surprises organisées par leurs amies ou proches. D’autres décident de prendre en main elles-mêmes, l’organisation de leurs enterrements de vie de jeune fille.

Fatimata Ouédraogo épouse Komy a organisé son enterrement de vie de jeune fille en 2021, une semaine avant son mariage. Elle a alors passé une journée entière avec sept copines dans un complexe hôtelier hors de Ouagadougou. « Nous avons bien mangé, bien dansé puis nous avons fait une séance de photos », explique -t-elle. Selon elle, son mari, fiancé à l’époque, n’y voyait pas d’inconvénient vu qu’elle fêtait la fin de son célibat avec ses amies. Elle n’a pas de souvenir exact de ce qu’elle a dépensé ce jour mais elle pense n’avoir pas excédé 50.000 francs CFA pour ce moment entre amies. Ses copines ont pris en charge leurs tenues et l’une d’entre elle lui a offert un gâteau. « Cette étape n’est pas réellement importante avant de se marier puisqu’elle n’est pas obligatoire. Mais elle est quand même une source de joie et de célébration avec ses amies et proches », indique Fatimata qui précise que c’est un choix personnel.

Dame X, mariée depuis décembre 2020, a aussi enterré sa vie de jeune fille. Sa copine lui a organisé une fête surprise à quelques jours de son mariage. Pour elle, ce fut un moment agréable qui lui a permis de déstresser au regard des différentes préoccupations à gérer pour l’organisation du mariage. Comme elle, Annick Timboué Gouba s’est vu offrir une fête surprise par sa belle-sœur (sœur de son mari) qui organise ce type d’évènements en collaboration avec ses copines. « Elle m’a fait une surprise à laquelle je ne m’attendais pas. Ce sont les yeux fermés, qu’elles m’ont emmenée sur le lieu et j’étais très contente. Nous avons d’abord fait des photos avec des accessoires dans un jardin, avant de nous rendre dans une chambre bien décorée où nous avons fait de petits jeux intéressants. C’était à trois jours de mon mariage et ça m’a réellement permis de déstresser. Il est vrai que je pensais à faire un enterrement de vie de jeune fille mais je voulais une fête simple », a raconté dame Annick Timboué Gouba.

Cet intérêt que porte les futures mariées à l’enterrement de vie de jeune fille a créé une activité pour de nombreuses personnes qui se sont spécialisées dans l’organisation de ce type d’évènements.

L’enterrement de vie de célibataire a fait naître un business

Cette pratique représente un business en plus pour certaines décoratrices et organisatrices de mariage. Elles proposent une panoplie de gadgets pour embellir ou pimenter un enterrement de vie de jeune fille tels que des ballons, des écharpes, des peignoirs, des couronnes, des pantoufles et bien d’autres accessoires. Dans la boutique ‘‘Gadgets de mariage’’ de Bernice Timboué, en plus des articles de mariages, on retrouve un important lot de gadgets féminins pour enterrement de vie de célibataire. « Actuellement, la demande est forte pour l’organisation ou l’achat d’articles pour enterrement de vie de jeune fille. Mais c’est surtout dans le mois de décembre et janvier que nous en recevons plus ». Selon elle, le plus souvent, ce sont les amies qui cotisent pour offrir une cérémonie à la future mariée. Que ce soit en vente ou en location, il est possible de s’offrir des gadgets pour une soirée entre filles. De plus, les sommes dépensées pour ces moments dépendent des activités voulues.

Flora Compaoré Ouoba fait partie des pionnières dans l’organisation des enterrements de vie de célibataire au Burkina Faso. Avec son entreprise d’évènementiels ‘‘Fête en Folie’’, elle est ‘‘wedding planer’’ et décoratrice d’évènements. « La plupart du temps, c’est au restaurant que les filles enterrent leur vie de jeune fille. Il est rare qu’au Burkina les filles fassent la totale c’est-à-dire restaurant-boite de nuit-chambre décorée. En général, elles font une de ces activités uniquement », nous confie-t-elle. Par ailleurs Flora Compaoré Ouoba conseille aux futures mariées de faire ce genre de cérémonies un bon moment avant le jour du mariage. « Si c’est une surprise que l’on fait à la mariée, c’est plus facile. Mais si c’est elle même qui l’organise, elle doit s’y prendre tôt pour éviter le stress inutile », pense la wedding planer.

Une pratique pas très comprise par bon nombre de personnes

Pour nos différentes organisatrices d’enterrement de vie de célibataire, cette activité n’a rien de problématique mais n’est juste pas comprise. « C’est peut-être le terme « enterrement de vie de jeune fille » qui pose problème aux gens. Cependant, en général ce sont seulement des soirées pour se retrouver entre filles et marquer son soutien à la future mariée pour ce nouveau départ », affirme Bernice Timboué, ajoutant que même si c’est étranger, le concept s’adapte au contexte burkinabè.

Pour Flora Compaoré Ouoba qui a vu les débuts de ce phénomène au Burkina, l’enterrement de vie de célibataire n’est pas une pratique nouvelle dans notre société. « C’est quelque chose qui existait mais on n’avait pas donné ce nom occidental. Avant, les amies de la nouvelle mariée se réunissaient avec elle à la maison pour causer et partager un repas avant le jour du mariage. Seulement de nos jours, le concept a été modernisé », fait savoir Flora Compaoré Ouoba. Aussi, c’est une pratique mal vue parce que certains y mettent des sommes exorbitantes. « Je crois que chacun y va en fonction de son pouvoir d’achat. C’est un peu comme l’organisation du mariage, certains le feront avec 50.000 francs CFA et d’autres avec 10 millions de francs CFA » a-t-elle dit.

Même si l’enterrement de vie de célibataire ne fait pas l’unanimité, on retiendra que c’est un moyen pour ces jeunes femmes d’évacuer le stress de l’organisation du mariage.

Farida Thiombiano
Lefaso.net

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