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Gestion des menstrues à l’école : « Regarde si ce n’est pas taché » !
vendredi 5 juin 2020
Selon le Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA), « la menstruation est un processus au cours duquel l’utérus évacue du sang et des tissus par le vagin ». Cette définition est simple, mais le sujet reste gênant pour les jeunes filles. Une enquête de l’UNICEF révèle qu’une fille sur dix manque les cours à cause des menstrues. De nombreux complexes se développent ainsi autour des règles.
Vous êtes une fille ou une femme, vous avez surement déjà dit « regarde si ce n’est pas taché ». Les complexes en période de menstrues se développent chez beaucoup de filles, comme chez Roxane Silga, étudiante en communication. Elle fait attention au moindre geste qui pourrait lui coûter une tache de sang sur ses vêtements. En effet, selon elle, lorsqu’elle se rend aux cours pendant ses règles, elle fait attention à ne pas trop bouger « afin que le coton reste bien en place et ne la tache pas ».
Une fois qu’elle se lève, il est impératif de vérifier en demandant à une amie de jeter un coup d’œil ou en se tapotant l’arrière pour voir si rien n’est mouillé. Autant de précautions pour éviter que les autres voient le sang. Mais en fait, combien savent réellement qu’il ne s’agit que de sang ?
La société a fait croire qu’être en règles, c’est être sale. Voilà pourquoi, selon Roxane, « chacune essaye de cacher cela ». Sur ce point, les garçons non plus ne leur facilitent pas la tâche. N’ayant jamais vu de fille tachée, ils peuvent se laisser entraîner par les moqueries la première fois, toute chose qui alourdit le poids de la jeune fille à surmonter ses menstruations. La honte ou la gêne qu’elles ont subie peuvent les pousser à ne pas venir aux cours pendant ces périodes. Mais c’est loin d’être le seul facteur de l’absence aux cours.
Entre douleurs et manque de moyens
« Je n’arrive pas à terminer certains devoirs lorsque je suis en règles », nous confie Axiane, l’air pensive. Comme beaucoup d’autres filles, elle souffre de ce qu’on appelle « les règles douloureuses ». Selon Mme Ouédraogo, sage-femme au Centre d’écoute des jeunes de l’ABBEF, la douleur est due à « la concentration de l’utérus pour éliminer la muqueuse ». Elle peut être plus supportable chez certaines filles que chez d’autres, mais elle ne doit pas empêcher la fille de continuer ses activités habituelles. La consultation est donc nécessaire lorsque c’est le cas.
Il y a aussi celles qui n’ont pas les moyens de se procurer des serviettes hygiéniques tous les mois. Difficile d’aller à l’école dans ces conditions. Il faut alors compter sur les bonnes initiatives, comme celle de Mme Kyendrébéogo, qui confectionne des serviettes réutilisables à coût raisonnable de 500 francs CFA. En partenariat avec des associations, elle pourrait distribuer gratuitement ces serviettes à des jeunes filles, pour leur permettre de mener leurs activités sans interruption.
Comme le dit Mme Ouédraogo, il faut que « les parents et les agents de santé sensibilisent les enfants pour les permettre de comprendre comment fonctionne le cycle, comment l’affronter et éviter ainsi la stigmatisation sur les menstrues ». Les règles, c’est normal ; ce n’est pas sale.