mercredi 24 juillet 2024
Les vacances scolaires sont, pour la plupart des élèves, l’occasion de découvrir, de voyager ou d’apprendre de nouvelles choses. Dans ce sens, de plus en plus d’activités généralement nommées “Camps vacances” sont proposées aux parents pour leurs enfants. Au delà du plaisir de les divertir, il y a le besoin pour ces parents d’occuper leurs mômes de façon saine. Apprentissage culinaire, sportif, artistique ou linguistique, il faut dire qu’à Ouagadougou les activités de vacances ne tarissent pas.
A quelques encablures du CMA du quartier de Pissy, à l’intérieur d’un restaurant aux allures discrètes, une douzaine d’enfants s’attèlent à réaliser des petits fours. Il est un peu plus de 10h ce lundi 22 juillet 2024. Tabliers noués autour du cou et léger calot de cuisine blanc sur la tête, répartis en groupes de quatre sur trois tables enfarinées, certains roulent la pâte tandis que d’autres observent. Ici, il n’y a ni âge ni sexe.
Tout le monde apprend, travaille et s’exerce. Première expérience pour les uns et seconde pour d’autres, ils ont pour point commun leur volonté d’apprendre les bases de la cuisine. Le jeune Alan Kanazoé, surnommé « chef de cuisine » par ses camarades a décidé de venir à cet atelier de cuisine pour aider davantage sa mère à la maison. Loin d’être complexé par sa condition masculine, l’élève en classe de 4e se sent fière de tester des recettes désormais à la maison. Dans cette salle de cours pratiques, Alan n’est pas le seul garçon, Junior Soré, seulement âgé de huit ans, suit les directives.
Même si de sa posture, il semble s’ennuyer, le petit garçon nous surprend par l’énumération des recettes qu’il dit avoir apprises. « J’ai appris à faire la pâte de mini pizza, de pastels et aussi de croque-monsieur. Je peux faire tout seul des pastels », assure l’enfant. Selon dame Soré/Kéré chargée de l’organisation de ce camp vacances cuisine, il y a moins d’engouement par rapport à l’année dernière. Aussi, elle a constaté que lorsque c’est la pâtisserie, les garçons sont intéressés mais quand c’est la cuisine classique, ils sont un peu distraits. « Les parents sont souvent septiques de confier leurs enfants parce que certains organisateurs de ce type de camp, à la recherche de l’argent, ne s’occupent pas bien des enfants. Mais ici, notre chef cuisinier a de la pédagogie et est un habitué des enfants » assure dame Soré/Kéré. Durant cinq heures, pendant une dizaine de jours, Junior, Alan et leurs camarades, au delà des casseroles et des moules à gâteaux, apprennent à se connaître à travers des jeux.
Dans le sport
Autre cadre, autre ambiance, dans la salle polyvalente du lycée technique national Aboubacar Sangoulé Lamizana (LTN/ASL), c’est le ping-pong. Des balles vont dans tous les sens. Raquettes en main, mini joueurs et joueuses de tennis sur table sont occupés avec leurs raquettes. Il est 13h30, la pause déjeuner vient de finir. Pour ce premier jour d’immersion sur le tennis sur table, la motivation est au top pour les enfants. Certains n’ont même pas pris le temps de terminer leur plat de riz servi au déjeuner.
Ces pongistes sont composés à la fois de joueurs professionnels du club et d’enfants en situation défavorable. « Nous avons mis en place ce camp vacances de tennis sur table pour répondre à la politique nationale pour le développement du sport. Nous voulons faire découvrir le tennis de table aux enfants et promouvoir cette discipline », a laissé entendre Rosine Kibora, présidente du club de tennis de table “Le Fleuron”. Sport peu connu au Burkina Faso, le tennis sur table compte pourtant plus de 400 millions de pratiquants dans le monde à en croire la présidente Kibora.
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La peinture pour certains
Dès le début des vacances, Oulé Ladouon Edwige a initié un atelier de peinture pour les enfants. Dans l’espace de sa cour, elle a accueilli une soixantaine d’enfants de la période de juin à juillet. « Étant passionnée de dessins et d’art depuis toute petite, j’ai voulu transmettre mes connaissances aux enfants », explique-t-elle. Elle a également associé peinture et nature car les enfants ont appris à rendre gais des pots de fleurs. La jeune dame pense qu’il est important d’occuper positivement les enfants et surtout de les aider à avoir un esprit ouvert aux créations tout en s’amusant. Mélanges de couleurs, manipulation des pinceaux, décoration d’objets de la maison, les enfants avaient de quoi laisser parler leur imagination. « Les enfants ont appris à faire des petits dessins de leur âge, à peindre des tableaux, des pneus et des boites par eux-mêmes. Ils ont aussi appris à jouer du tambour et à danser », a-t-elle indiqué, demandant aux parents de créer des moments de ce genre à la maison avec leurs enfants.
L’agriculture et l’élevage pour d’autres
Du côté de Koubri, à quelques kilomètres de Ouagadougou, Adèle Madiéga Gansonré, promotrice de “Agrikids”, a bouclé ses différentes sessions d’immersion en agriculture, en élevage et en transformation agro-pastoral avec les enfants. Le programme qu’elle propose aux tout-petits met l’accent sur les activités écologiques. Selon elle, les enfants n’ont pas essentiellement besoin du confort de la ville mais plutôt d’être entourés et que l’on soit attentifs à leurs besoins. « Voir ces enfants heureux de prendre la daba pour semer et se dire impatients de récolter est une pure joie. Cela leur permet aussi de valoriser le travail des paysans et de connaître les réalités de la vie rurale ». Dame Madiéga Gansonré se réjouit de la marque de confiance dont les parents ont fait preuve en lui confiant leurs progénitures.
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Des parents satisfaits
Dans un monde de plus en plus plongé dans le virtuel, les activités de vacances sont des occasions pour les parents de sociabiliser leurs enfants. Arnaud Traoré, enseignant en communication qui a inscrit son enfant à l’atelier de peinture organisé par Oulé Ladouon Edwige voulait lui donner le goût de l’art. « D’abord, je l’y ait emmené pour son éveil et son épanouissement. Ensuite, pour occuper sainement et utilement les enfants pendant les vacances. Mon fils réclame sans cesse la peinture et son addiction pour la télé a diminué », a indiqué Arnaud Traoré.
Paul Patrick Sanhouidi y a également inscrit sa fille afin qu’elle développe son esprit de créativité. « La peinture leur permet de découvrir leur potentiel et leur donne une autre passion autre que celle de l’école », a lancé le parent qui a particulièrement apprécié la participation de son enfant.
Le souci d’occuper sainement ses enfants est partagé par la majeure partie des parents. « Mes motivations sont que les vacances sont difficiles à meubler pour les enfants. L’agriculture et l’élevage étant des domaines qui apprennent aux enfants à avoir plus de responsabilités, j’ai trouvé cela intéressant. S’occuper de la nature et des animaux est très bénéfique pour mes enfants », a justifié dame Nafila Dabiré qui a inscrit ses deux fils au camp Agrikids. « Ils sont revenus aussi avec un éveil de conscience sur les valeurs civiques et citoyennes. Et je suis ravie de savoir que mes enfants connaissent cela. Cela leur a permis de se détacher des outils de la technologie. Ils ont fait une semaine en toute autonomie sans téléphone. Leur rythme de sommeil a été amélioré aussi grâce aux bonnes habitudes reçues au camp », a-t-elle énuméré comme acquis pour ses enfants âgés de 3 et 6 ans.
Le camp d’agriculture et d’élevage a fait découvrir aux enfants la nature. « En ville, cela est très compliqué avec tous les risques qu’il y a. J’ai l’habitude de les emmener dans ce genre d’activité pendant les vacances. Et cette année, j’ai voulu changer de registre. Cela a été bénéfique pour mes deux enfants de 8 et 6 ans. Ils ne voulaient même pas quitter le camp lorsque je partais les chercher » se réjouit de son côté Amadou Tall. En tant que parent, il était très rassuré car le comité d’organisation leur permettait de suivre à distance ce que leurs enfants faisaient.
Farida Thiombiano
Lefaso.net