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Ramatou Balboné : Hier serveuse de bars, aujourd’hui promotrice d’un restaurant à succès

lundi 1er février 2021

De serveuse de maquis, Ramatou Balboné dit « Rama » est devenue une brave femme très entreprenante dans la restauration, notamment dans l’attiéké. Preuve que votre passé ne définit pas votre avenir. Elle est aujourd’hui à la tête d’une entreprise où elle emploie une quinzaine de personnes et paie les études universitaires de sa fille dans l’une des universités renommées de la place. Ne comptant pas s’arrêter en si bon chemin, elle dit vouloir également faire l’acquisition d’un grand espace afin de diversifier ces mets, notamment les spécialités africaines. Portrait !

« Il n’y a pas de bonheur sans douleur, pas de mérite sans labeur et pas de réussite sans erreur », disait un jour Massimo Castronovo. S’il y a une vie qui résume bien cette citation de cet auteur, c’est bien celle de Ramatou Balboné surnommée « Rama », un surnom qu’elle a même donné à son restaurant « Rama Garba chaud ». Cette brave dame au parcours atypique est très entreprenante dans le monde de la restauration, notamment dans l’attiéké, une recette ivoirienne bien prisée par certains Burkinabè et qui a fini par entrer dans leurs habitudes alimentaires.

Le nom « Rama » est bien connu de beaucoup de Ouagalais, surtout les amateurs de l’attiéké, même si certains ne la connaissent pas physiquement. Une identité qu’elle s’est bâtie grâce à son « attikiédrome » (espace de vente et de dégustation de l’attiéké) dans lequel elle propose une qualité d’attiéké dénommée « Garba » avec du poisson thon, importés tous de la Lagune Ebrié. Son garba, comme elle l’appelle, ne se vend pas seulement avec les Ouagalais, mais au-delà des frontières burkinabè, c’est-à-dire, au niveau international, raconte la vendeuse de garba. « J’ai des clients partout : en Europe, en Amérique et même au Liban. Ce sont des clients qui étaient ici et lorsqu’ils sont partis, ils continuent de commander mon garba et je le leur expédie. Ils le font goûter également à d’autres personnes qui ne me connaissent pas mais qui commandent en retour aussi mon garba », explique-t-elle avec une certaine fierté.

De serveuse de bar à brave femme bien respectée

Mais cette vie dont Mme Balboné est fière aujourd’hui n’est pas spontanée, comme d’ailleurs dans plusieurs vies humaines. Car sur chaque visage se cache une histoire. Et son histoire à elle a été bâtie sur beaucoup de souffrances et certaines erreurs de cheminement. D’abord en Côte d’Ivoire où elle avait déjà commencé ce commerce dans lequel elle avait rencontré beaucoup de difficultés. Cette situation l’a poussée à rentrer au Burkina, sur les conseils d’un ami. Arrivée au pays, elle confie être très tôt confrontée au manque d’argent pour subvenir à ses besoins. Ce qui l’a poussée à travailler dans les bars, avec tous les travers de ce milieu.

Selon ses confidences, elle a même été exposée à un moment à l’alcool, mais comme Dieu sauve, Il a pu la sauver. Un épisode de sa vie dont elle ne souhaite plus voir la rediffusion. Elle veut plutôt regarder vers l’avenir. Comme le peuple d’Israël, malgré les 40 années passées au désert, il a fini par atteindre la terre promise. Pour Rama, les maquis, l’alcool et tout le reste, tout cela était son désert. Maintenant, elle dit faire ce qu’elle a toujours rêvé de faire, entreprendre dans la restauration, c’est cela le plus important. Car, quel que soit votre parcours, dit-elle, il faut toujours croire en Dieu, garder le courage et rester concentré sur vos rêves qui finiront toujours par se réaliser.

L ’entrepreneuriat n’est pas fait pour les fainéants

Une vue de clients arrêtés en face de l’attikiédrome en attendant d’être servis

Rien n’est jamais totalement perdu, il y aura toujours une main tendue qu’il faut savoir saisir. Cette main tendue pour Ramatou a été celle de son oncle qui lui a donné la somme de 20 000 Fcfa pour commencer son commerce. Une somme qui a provoqué le déclic de tout ce qu’elle est devenue, reconnait Mme Balboné. Elle souligne de ce fait que si l’on vous aide, sachez également vous aider afin que cette personne ne regrette pas de vous avoir aidé.

« Surtout dans le domaine de l’entrepreneuriat, il faut se battre, ce n’est pas fait pour les fainéants, mais pour les courageux. En plus du courage, c’est un métier qui demande également beaucoup de discipline, surtout dans les dépenses », enseigne celle qui désormais s’y connait bien en la matière. « Il faut éviter d’être aussi envieux et vouloir acheter tout ce qui est à la mode, surtout les femmes, parce que vous ne pourrez pas aller loin avec ce comportement. Moi j’ai fait cinq ans sans acheter des habits, pas parce que je n’avais pas d’argent, mais parce que j’avais un objectif à atteindre », se rappelle-t-elle.

Pour ses amis, parents et employés, elle est un exemple de courage. Interrogés, certains reconnaissent qu’elle est courageuse, voire très courageuse. « Avec les employés que nous sommes, il n’y pas de différence, lorsqu’elle arrive et qu’il y a beaucoup de travaux à faire, elle se mélange à nous pour exécuter les tâches. Et elle est très gentille, elle fait tout pour vous mettre à l’aise », témoigne l’une de ses employées, reconnaissante pour tout ce que Rama a fait pour elle et qu’elle ne pourra jamais oublier.

Bien faire et être moins cher

Pour se faire un nom dans la restauration, il faut bien faire ce que vous proposez comme nourriture, être propre et moins cher et le reste, ce sont les clients eux-mêmes qui s’en chargeront. C’était la réponse de Ramatou Balboné, lorsque nous lui avons posé la question de savoir quel était son secret pour attirer autant de monde dans son garbadrome. « Bien faire mon garba et être moins cher, dit-elle, c’est mon secret et non du wack comme certains le pensent ». La preuve est que chaque soir, ils sont nombreux ces étudiants, élèves et travailleurs à venir se ravitailler chez Rama. Selon certains d’entre eux croisés sur place et qui souhaiteraient garder l’anonymat, ils disent préférer le garba de Rama, parce que c’est bien fait et avec un goût particulier qu’on ne trouve pas ailleurs.

Yvette Zongo
Lefaso.net

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