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Femme et cinéma : Une question, plusieurs regards

mercredi 1er mars 2017

Un film réalisé par une femme, projeté en séance inaugurale lors d’une édition du Fespaco, c’est un véritable hommage rendu à l’autre moitié du ciel. C’est le film « Frontières » de la réalisatrice burkinabè, Apolline Traoré, qui a ouvert la compétition pour le grand prix de la biennale. Une première dans l’histoire du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO), dit-on, au point que l’on pourrait s’interroger sur la place de la femme dans l’activité cinématographique.

En décembre 2016, l’association des producteurs burkinabè pour la gestion du Fonds de soutien Succès Cinéma Burkina Faso (SCBF), a lancé un appel à projets en vue de soutenir spécifiquement les femmes cinéastes burkinabè. Cela pourrait s’expliquer par le fait que le secteur du cinéma a du mal à se féminiser.

Ces questions, de l’avis de Balufu Bakupa-Kanyinda, cinéaste, réalisateur et promoteur du prix Thomas Sankara, traversent le monde. « La question centrale qui traverse aujourd’hui Hollywood, c’est comment a-t-on pu faire pour ne pas avoir assez de femmes derrière les caméras pour être réalisatrices » a-t-il signifié, soulignant qu’aux Etats-Unis, on est réalisatrice ou réalisateur parce qu’on a les qualifications requises. La question de la faiblesse de la représentativité de la femme dans l’industrie du cinéma n’est pas une question africaine. « La particularité africaine, c’est que nous avons toujours l’impression que nous sommes au bas de l’échelle. Et tout ce qui est sombre, c’est à nous » a déploré le promoteur du prix Thomas Sankara.

La femme doit se battre pour imposer son image dans le secteur du cinéma, selon Mouna Ndiaye, actrice, réalisatrice et présentatrice burkinabè, d’origine sénégalaise. « Il ne faut pas toujours attendre que les autres viennent nous demander de donner notre image, il faut aussi se battre pour nous imposer » a-t-elle exhorté, précisant que l’image de la femme a évolué et continuera d’évoluer dans le cinéma.

Avec presque trente ans de carrière, l’actrice ivoirienne Naky Sy Savané, l’une des vedettes du film « Frontières », est persuadée que la femme est en train de prendre son envol. « Nous avons toujours travaillé pendant longtemps dans l’ombre. La place de la femme est en train d’être reconnue », affirme-t-elle.

Pourquoi les femmes ont-elles du mal à se faire une place dans l’activité cinématographique ? L’actrice réalisatrice Mouna Ndiaye confie : « C’est le manque d’instructions ; je pense que l’éducation est très importante et beaucoup de femmes ne sont pas présentes dans certains domaines parce qu’elles pensent qu’elles ne peuvent pas y arriver ».

Quant aux clichés sur les femmes du cinéma, souvent considérées à tort et à travers comme des femmes aux mœurs légères, Mouna Ndiaye martèle : « C’est une très grande erreur. Il vaut mieux se renseigner avant de débattre d’un sujet qu’on ne connaît pas très bien ». Et à l’actrice Augusta Palenfo de soutenir que « dans toute chose, il y a les uns et les autres (…). Si tu sais que tu es entrée dans ce domaine par la grande porte, il n’y a pas de raison que tu te laisses embarquer par des propositions indécentes ». Pour Naky Sy Savané, « nous sommes comme toutes les autres femmes ; celle qui va au marché, la femme qui va chaque matin au champ. Il n’y a pas d’idée malveillante à se faire ; nous sommes des femmes qui ont des enfants, qui ont des vies de famille ».

Alors, comment ces femmes parviennent-elles à concilier vie d’actrice et celle de famille ? Augusta Palenfo, l’actrice, désormais réalisatrice avec son premier film « carton rouge » répond : « Il faut savoir faire la différence entre la vie professionnelle et la vie familiale. Si tu as un homme qui te comprend et qui aime bien ce que tu fais, je pense qu’ensemble, vous pourrez surmonter les montagnes ».

Nicole Ouédraogo
Lefaso.net

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