lundi 14 octobre 2024
Diane Yogo est une passionnée de grosses motos. Elle incarne une figure féminine audacieuse dans un univers majoritairement masculin. Du Burkina Faso à la Côte d’Ivoire, en passant par le Ghana, cette motarde a su briser les préjugés. Pour cette Burkinabè, la moto n’est pas qu’un moyen de transport : c’est une évasion, un défi, et un mode de vie qu’elle concilie avec brio avec ses responsabilités personnelles et professionnelles.
Diane Yogo est une passionnée de motos depuis une quinzaine d’années. Influencée dès son plus jeune âge par son père, lui-même motard, elle a grandi au milieu de grosses cylindrées et de la sensation de liberté qu’elles procurent. Toutefois, son parcours vers les grosses motos n’a pas été immédiat. Diane a commencé avec des motos de petite cylindrée avant de faire progressivement la transition vers les plus grosses, une transition qu’elle a réalisée en obtenant son permis de conduire pour grosses cylindrées.
Sa passion pour la moto va au-delà de la simple conduite. Elle apprécie la liberté, la tranquillité et l’évasion qu’elle ressent en sillonnant les routes. « C’est la tranquillité qui m’attire le plus dans la conduite des grosses cylindrées. Le fait que la moto me permette de m’évader. La moto me procure un sentiment de liberté. Elle est thérapeutique », confie-t-elle, le sourire aux lèvres.
Selon elle, sa source de motivation ou d’inspiration est venue de Bambina, une motarde ivoirienne. C’est une figure qui incarne la réussite dans ce domaine, a-t-elle indiqué. Après avoir roulé des marques comme Yamaha et BMW, sa préférence reste la Kawasaki Z 900, même si elle a dû opter pour un modèle plus adapté à sa taille. « Je l’avais mais j’étais obligée de trouver une moto qui était plus adaptée à ma taille et à mon poids. C’est une moto qui est légèrement plus basse que les autres, ce qui n’était pas à mon avantage. Mais elle reste toujours ma préférée. Quand j’aurais plus de moyens, je vais m’en procurer une et la mettre au garage pour pouvoir l’utiliser de temps en temps », raconte-t-elle.
Bien que cela lui procure un sentiment de liberté, elle avoue que la conduite en ville peut être particulièrement éprouvante en raison des embouteillages et de la chaleur que génèrent les grosses cylindrées, mais cela ne diminue en rien son amour pour ce mode de transport. Elle souligne l’importance de la force physique pour manier ces engins, surtout lors des manœuvres de stationnement.
En tant que femme motarde, elle a dû faire face à des stéréotypes, notamment l’idée que les femmes ne peuvent pas maîtriser ces motos ou qu’elles sont souvent perçues comme des rebelles ou des personnes de mauvaise fréquentation. Pourtant, elle se décrit comme quelqu’un de timide, loin de cette image stéréotypée.
Elle confie que le regard des autres sur elle change souvent lorsqu’elle troque ses tenues habituelles pour son équipement de motarde. « Quand les gens te voient en voiture, en robe et en hauts talons et quelques instants après, ils te voient à moto, ils n’arrivent pas à s’y faire. Il y a des gens qui parfois, ne te reconnaissent pas. Il y a un monsieur qui est le voisin de l’immeuble dans lequel se trouve mon bureau. Chaque matin quand j’arrive, je le salue. Mais le jour où je viens à moto et que je le salue, il me répond à peine. Un beau jour, j’étais en train d’arranger mon équipement dans le parking, il vient et me demande si je suis vraiment la dame qui vient ici en voiture blanche. Je lui ai répondu par l’affirmative. C’est là, qu’il m’a dit qu’il ne me reconnaît pas quand je viens à moto. Le lendemain, quand je suis venue en voiture, il m’a encore demandé si c’est moi qu’il a salué hier. Je lui ai dit que oui c’est encore moi et il m’a dit que maintenant je vais vous reconnaître », raconte-t-elle, en riant.
Malgré ce qui se raconte sur les motardes, Diane voit de plus en plus d’engouement des femmes pour ce domaine. Elle leur conseille d’ailleurs de vivre pleinement leur passion, car rouler à moto et s’occuper d’un foyer peuvent aller de pair.
En dehors de sa passion pour la moto, Diane Yogo est également une entrepreneure. Elle dirige une boutique de vêtements pour bébés et souhaite bientôt y ajouter un volet de conseils pour les jeunes mamans.
Avec des projets d’avenir ambitieux, dont un rêve de voyage à Zanzibar à moto, Diane continue de tracer sa route, tout en encourageant de nombreuses femmes à suivre leurs passions, sans se laisser freiner par les conventions sociales. Pour elle, il est essentiel de savoir équilibrer vie professionnelle, personnelle et passion pour la moto, comme elle l’a fait tout au long de sa carrière.
Hanifa Koussoubé
Lefaso.net