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Florence Béouindé (BCB) : « Pour parvenir à la vraie égalité hommes-femmes, il faut donner la même chance à tous depuis la base »

lundi 8 mars 2021

Arrivée à la Banque commerciale du Burkina (BCB) en mai 1999 comme cadre senior, Mme Florence Béouindé occupe aujourd’hui le poste de directrice des affaires juridiques. Dans cet entretien qu’elle a bien voulu nous accorder, elle revient sur son parcours et sur sa perception de l’égalité hommes-femmes, notamment dans le secteur de la banque et des finances.

Lefaso.net : Qu’avez-vous éprouvé comme sentiment lorsque vous avez appris votre nomination à la tête du département juridique de la BCB ?

Florence Béouindé : Je vous remercie pour avoir porté votre choix sur ma modeste personne pour parler de ma situation afin, peut-être, d’inspirer les jeunes générations. Je suis entrée en 1999 à la banque comme cadre senior. Donc, occuper le poste de directrice des affaires juridiques, je ne dirai pas que c’était naturel, mais normal. C’est une évolution normale de ma carrière vu le background que j’ai acquis avant mon entrée à la banque.

Aviez-vous des appréhensions ?

On a toujours de l’appréhension face à une toute nouvelle situation, et l’arrivée à un nouveau poste en est une. Mais en ce qui concerne la technicité du poste, j’avais confiance.

Comment êtes-vous parvenue à ce poste ?

J’ai occupé à deux reprises le poste de directrice des affaires juridiques. Je totalise plus d’une dizaine d’années à ce poste. J’ai également été conseiller juridique auprès de la direction générale. J’ai une formation de base en BAC + 5 en droit des affaires. Par la suite, j’ai fait un troisième cycle en Top management. Au niveau de la banque, les premiers responsables ont certainement vu que j’avais les qualités pour occuper le poste, c’est pourquoi, ils m’ont accordé cette responsabilité.

Pour quelles raisons avez-vous choisi de faire carrière dans le secteur bancaire ?

Est-ce qu’on choisit de faire carrière ? On prend ce qui se présente vous à un moment donné et on essaye de donner le meilleur de soi. Ma formation académique permettait une certaine polyvalence et c’est vrai qu’au niveau de la banque, il y a plusieurs métiers et quand j’ai eu l’opportunité, je n’ai pas hésité.

Pouvez-vous citer des personnes ou des moments-clés qui ont été décisifs dans votre carrière ?

Je citerai en premier lieu mes parents (qu’ils reposent en paix) qui ont bien voulu payer mes études, puis ma famille, mais également les belles personnes qui m’entourent. Je citerai également monsieur Mahmud Hammuda, ancien directeur général de la BCB, qui a m’a donné l’opportunité de révéler mon potentiel ; parce qu’une chose est d’avoir de la compétence et une autre est de pouvoir montrer ce qu’on peut faire. S’il n’y a pas quelqu’un à un moment donné qui vous donne cette chance, vous avez beau avoir tout le talent du monde, vous n’avancerez pas.

Il se dit que le secteur financier semble être un bon exemple en matière d’égalité professionnel homme-femme. Est-ce votre perception ?

Pas seulement le secteur financier. Je dirai qu’au Burkina, les textes assurent cette égalité homme-femme, c’est-à-dire, à diplôme égal, à formation égale, on a accès à la même chose en principe. Maintenant au niveau du privé où j’ai fait presque toute ma carrière, il y a également des gens que vous rencontrez qui peuvent soit être des facilitateurs, soit être des obstacles.

Justement direz-vous que la BCB respecte l’égalité homme-femme ?

A ce jour l’effectif de la BCB compte 117 femmes et 119 hommes. Je pense qu’en matière de respect de la parité on peut faire difficilement mieux.

Que pensez-vous du quota ou de la parité prônés dans l’administration, la politique et d’autres domaines ?

Je trouve que c’est une solution pas tout à fait appropriée à un vrai problème. Mon avis est que la vraie égalité c’est de donner la même chance à tous et ce, depuis la base. Parce que dit ainsi, cela peut-être pris comme un passe-droit pour les femmes, alors que ce n’est pas le cas. On doit mettre l’accent sur l’instruction des femmes, travailler à garantir les chances d’accès et de maintien des filles à l’école. Quant à ce qui est de la carrière, je pense plutôt qu’elle doit être mue par ce qu’on sait faire et ce qu’on peut donner, donc la compétence. Positionner ou responsabiliser une femme pour satisfaire un quota n’apporte pas un plus à la cause des femmes, elle doit l’être parce c’est la personne qu’il faut. A compétence égale, elle doit avoir la même chance d’accès à un poste.

En tant que femme et cadre de banque, accordez-vous une attention particulière aux femmes dans votre équipe ?

Dans ma direction, j’ai des chefs de services, des cadres du sexe féminin mais j’avoue ne pas les voir sous ce prisme. Honnêtement, Je vois en eux des collaboratrices et collègues.

Y-a-t-il une femme au Burkina ou ailleurs dans le monde qui vous inspire ?

Le Burkina regorge de femmes valeureuses, courageuses qui ont fait leurs preuves et c’est à l’honneur de notre pays. Donc certainement que quelque part, elles ont eu à un moment donné de ma vie, être pour moi des sources d’inspiration.

Avez-vous des conseils à prodiguer aux jeunes filles et femmes qui souhaiteraient faire carrière dans la banque et les finances ?

Si je peux me permettre de donner des conseils aux filles et femmes qui souhaitent faire carrière dans une banque c’est d’être prêtes à faire beaucoup de sacrifices dont la première serait la disponibilité. En effet dans ce milieu il ne faut pas compter les heures et par conséquent la vie de famille peut en prendre un coup. Il faut également être disposé à se former de manière continue car les choses évoluent très vite et pour avancer dans une carrière, il faut être au taquet. Je leur recommanderais également de faire confiance en leur capacité, avoir la tête sur les épaules pour ne pas céder à la facilité.

Lefaso.net

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