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De Zoaga à Zabré : L’histoire d’une association de développement

lundi 26 mai 2014

C’est en 1975 que l’association Pag-layiri a vu le jour à Zoaga. Cette localité devenue une commune rurale depuis 2006 était à l’époque un département situé à 15 km de la commune de Zabré dont il relevait. L’initiative de l’association est venue de l’épouse d’un instituteur, elle-même ménagère qui avait eu l’idée d’organiser les femmes pour qu’elles s’entraident. L’association a vu le jour de façon informelle avec un noyau de cinq femmes fondatrices dont Mme Kaboré née Zigané Monique, épouse de l’instituteur.

Discrètes, les femmes ont commencé par des tontines. L’argent qui était collecté entre elles était remis à tour de rôle à une seule des femmes qui pouvait en faire un fonds de commerce. Les résultats produits par cette solidaritévont faire des émules chez d’autres femmes qui adhèrent à leur tour à l’association. Progressivement et de bouche à oreille, le petit groupe de femmes va grossir. Selon Suzanne Waré, l’actuelle présidente, l’association comptait déjà plus de 80 membres en 1976, après une année d’existence. Avec leur nombre, les femmes vont multiplier les initiatives. Elles décident alors de faire un champ collectif d’arachides dans le village de Zoaga.

Les succès s’enchainent pour les femmes, ce qui va conduire à la formalisation de l’association par l’obtention de son récépissé d’existence sous le numéro AN VI 027/FP/MAT/DGAT/DAJE de décembre 1988. Elle est reconnue en tant qu’association apolitique et à but non lucratif. L’Association a pour mission première de « contribuer à l’épanouissement de la femme vivant en milieu rural en répondant à ses besoins et préoccupations quotidiennes. ». Ainsi, elle s’est fixée les objectifs spécifiques suivants : améliorer les conditions de vie socio-culturelles de la femme, promouvoir l’accès des femmes à l’information et aux outils de communication de masse et de proximité, promouvoir l’autonomisation de la femme à travers le développement d’activités génératrices de revenus, sensibiliser la population pour l’adoption de bonnes pratiques en matière de santé et d’éducation, interpeller les décideurs et les populations sur leurs droits et leurs devoirs liés aux questions de bonne gouvernance, de citoyenneté, etc.

Pag-la-yiri est également reconnu en tant que ONG par la Direction du Suivi des Organisations Non Gouvernementales (SPONG). L’association s’est implantée à Zabré dans le chef-lieu de la commune dans les années 80 où elle s’est érigée un siège au secteur N°1. Le siège se trouve sur un domaine de près de 3 ha de superficie et entièrement acquis à l’association. Pag-la-yiri a une structuration et un fonctionnement bien établis. L’instance suprême de l’Association est l’Assemblée générale. L’organe exécutif est un bureau de 12 membres, composé de femmes exclusivement. La Coordination est un des organes de l’association. Elle est un organe chargé de la mise en oeuvre des activités. Le droit d’adhésion à l’association a été élargi aux hommes, mais ces derniers ne sont pas admis dans toutes les instances.

Les femmes gardent la main sur le bureau exécutif. Cependant, on retrouve les hommes surtout dans les structures techniques de l’association ou dans les bureaux des zones. L’association est subdivisée en zones, en sous zones, en villages et enfin en groupes de base. Une zone est constituée de plusieurs sous zones et dans la sous zone, on retrouve les villages. Dans chaque village, il y a les groupes de base. On adhère à l’association en intégrant d’abord un groupe de base avant d’être admis tour à tour dans l’organisation du village, dans la sous-zone, dans la zone puis dans l’association définitivement par la validation de l’adhésion en Assemblée générale. Les droits d’adhésion sont fixés à 550F et donnent droit à une carte de membre. Quant aux cotisations annuelles, elles s’élèvent à 250Fcfa par membre.

L’association Pag-la-yiri couvre quatre communes qui sont celles de Zoaga, Zabré, Zonsé, Gombousgou et Garango. L’association siège à Zabré, mais elle dispose d’une représentation à Ouagadougou. Des femmes au service de la communauté En 38 ans d’existence, l’association Pag-la-yiri des femmes de Zabré a grandi. Elle compte de nos jours, selon sa présidente, exactement 10972 membres dont 1000 hommes.

Les hommes ne représentent à peu près que 1/10ème de ses membres. Depuis 1975, de nombreux projets et programmes et d’importantes réalisations ont vu le jour grâce à l’association. Au nombre de ces réalisations, on peut citer une unité de transformation de beurre de karité, un centre de couture détenu par des couturières formées par l’association, un centre de loisir et de restauration, un centre d’hébergement, un dépôt pharmaceutique, un centre d’alphabétisation et de formation (agriculture, élevage, maraichage), des banques de céréales, une boulangerie, etc. L’association a également construit une école primaire à 6 classes depuis 1998 et dont la gestion a été confiée à la commune. Pag-la-yiri fabrique et commercialise le MIZOLA, qui est une farine enrichie utilisée pour l’alimentation des enfants malnutris. La principale activité des femmes de l’association demeure l’exploitation agricole à travers les champs communautaires.

Les 11 zones de l’association ont chacune au moins un champ collectif. En plus l’association dispose de 7 périmètres maraichers dans 5 de ses zones. Selon la présidente, la radio communautaire ouverte depuis 2009 est un outil capital pour les femmes et pour l’association. C’est un instrument de sensibilisation et d’éveil pour les femmes. La radio est animée aussi bien par des hommes que par les femmes. L’association accorde un intérêt à la communication. Un chargé de communication, Souleymane Zaré, un professionnel issu du département communication et journalisme de l’Université de Ouagadougou, gère ce volet. Son rôle est axé sur la sensibilisation de la population grâce aux moyens de communication que sont la radio, les clubs de fidèles auditeurs, les clubs relais de la radio.

L’association s’est même dotée d’un site internet www.paglayiri.org comme outil de communication et de sensibilisation. C’est aussi une façon pour Pag-la-yiri d’être en contact avec le monde. Les femmes de l’association, qui n’entendent pas être les analphabètes du 21ème siècle, s’initient à l’outil informatique. Pag-la-yiri n’est pas seule dans son aventure. Elle bénéficie depuis plusieurs années, du soutien technique et financier de multiples partenaires au niveau national et international. La liste des partenaires est longue, mais on peut citer le Fonds National pour l’Education Non Formelle (FONAENF), le Secrétariat Permanant des Organisations Non Gouvernementales (SPONG)), les services techniques et les directions provinciales des ministères, les mairies, les districts sanitaires, l’Union Européenne, l’Institut International de Communication et de Développement, Emmaüs international, Emmaüs Région Afrique, Emmaüs Finlande, l’ONG MATTA, l’ONG Croix du Sud, la Fondation ICCO, la Fondation Nouvelle Planète, le Réseau d’Accès aux Médicaments Essentiels (RAME), etc.

Depuis 2007, Suzanne Waré préside l’association. Avec près de 11 000 membres, de nouveaux adhérents frappent toujours aux portes de Pag-la-yiri. Les appels viennent surtout des provinces auxquelles l’association ne s’est pas encore ouverte. Ce sont des nouveaux défis selon la présidente. L’association avait atteint la province du Zondoma en faisant du village de Boussou la 12ème zone de l’association. Des obstacles liés à la distance ont eu raison des femmes et l’association a fini par se retirer de la province. C’est ce qui fait dire à la présidente qu’il faut asseoir une réflexion sur l’extension de la zone d’intervention de l’association et cela surtout en rapport avec les capacités de l’association à répondre aux besoins des membres. Pag-la-yiri est une organisation de référence dans sa zone d’intervention.

Elle a reçu une distinction des autorités nationales qui lui ont décerné le 9 décembre 2009, la médaille de l’ordre national du mérite. Cédric Kalissani

MUTATIONS N° 22 du 1er février 2013. Bimensuel burkinabé paraissant le 1er et le 15 du mois (contact :mutations.bf@gmail.com)

Suzanne Waré, présidente de l’Association Pag-la-yiri

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