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Mme Kambou née Kabou Kadio, « médecin » de l’information

vendredi 17 février 2017

Le mardi 14 février 2017, à Ouagadougou, nous avons rencontré Mme Kabou KAMBOU née KADIO. Documentaliste, enseignante et entrepreneure, cette femme sympathique et dynamique a accepté de partager avec nous sa conception de la gestion de l’information et de l’accès à la connaissance dans une certaine mesure. Nous vous livrons le contenu de cet entretien qui ne manque pas d’enseignements, surtout pour la jeune génération. Lisez plutôt !

Lefaso.net : Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

Mme Kambou : Je me nomme Kabou KADIO épouse KAMBOU. Mon prénom Kabou signifie « l’eau » dans ma langue maternelle (Nouni). Je suis documentaliste de formation et mère de deux enfants.

Qui appelle-t-on documentaliste et où peut-on se former pour exercer cette profession ?

Le documentaliste est un professionnel de l’information – documentation. Selon le niveau d’études, il est technicien, conservateur, ingénieur ou Docteur qui met en contact ceux qui cherchent le savoir et ceux qui savent. Il se charge de sélectionner les sources d’information, de les collecter, de les traiter en vue de les diffuser pour permettre un accès à cette information/documentation qui a été organisée. Le documentaliste est un « médecin » de l’information, j’aime dire pour illustrer la noblesse de notre métier.

Depuis 2005, on peut se former en science de l’information au Burkina à l’ISTID (Institut Supérieur des Sciences et Technique de l’Information et de la Documentation). A l’ENAM (Ecole Nationale d’Administration et de Magistrature), il y a une filière qui a été ouverte en 2010 pour former des archivistes. A l’Université de Koudougou, on forme également des professionnels de l’information et de la documentation depuis quelques années. Mais pour ma part, j’ai étudié à l’Université Cheick Anta Diop de Dakar (UCAD) à l’Ecole des bibliothécaires, archivistes et documentalistes (EBAD). (NDLR : Lire l’article suivant pour plus d’information http://bit.ly/2lSkVbx)

Menez–vous d’autres activités en plus d’être documentaliste ?

Mme Kambou : Oui ! J’enseigne les sciences de l’information documentaire, notamment le cours sur l’analyse documentaire et la recherche de l’information dans plusieurs Instituts et universités au Burkina Faso. Cette passion pour la gestion de l’information m’a poussée à mettre en place une bibliothèque communautaire dénommée « YENU DIE » - (Centre d’accès à la connaissance / Knowledge Centre en anglais et Maison de la connaissance en Nouni), en 2016 en collaboration avec des ami(e)s et collègues, dont je suis la Secrétaire exécutive. Je dirige également l’entreprise Filtres Eau Distribution (FEDis) créée en 2013.

Il y a un adage qui dit que si tu veux cacher quelque chose à un Noir, il faut le mettre dans un livre. Qu’en pensez-vous ?

Mme Kambou : (Sourire) Cela est peut-être vrai d’autant plus qu’en Afrique, on n’a pas une culture de la lecture, mais plutôt de la parole (l’oralité). Les gens ne lisent pas beaucoup. La plupart des écoles, lycées, collèges et universités ne sont pas dotés de bibliothèques et si elles existent, elles sont sous-équipées. Il faut qu’il y ait des bibliothèques dans tous les établissements, depuis le préscolaire jusqu’au niveau universitaire. Il faut donner le goût de la lecture dès l’enfance. Au niveau des familles, les parents doivent souvent offrir des livres en cadeau aux enfants dès le bas-âge et leur apprendre à lire et à résumer. Ainsi, ils vont grandir avec une passion pour la lecture.

Quel message Mme Kambou a à l’endroit des jeunes qui, de nos jours, ont tendance à laisser la lecture au profit des TIC (Technologies de l’information et de la communication) ?

Mme Kambou : Ils peuvent concilier les deux puisque c’est ce que moi je fais. Selon leur besoin d’information, ils peuvent utiliser les TIC. Par contre l’on doit savoir qu’on ne trouve pas tout ce qu’on veut sur Internet quoi qu’on dise. Aussi, ce n’est pas tout ce que l’on trouve sur Internet qui est validé. Pour cette raison, il convient de faire beaucoup attention. Il y a plusieurs sources d’information qui peuvent être utilisées telles que les bibliothèques, les bases de données scientifiques, les bibliothèques numériques, etc. J’encourage donc beaucoup les jeunes à utiliser les deux sources parce qu’elles sont complémentaires de nos jours.

J’aime dire que qui veut bien réussir dans sa vie, doit commencer par acquérir des connaissances. Avec les TIC, on a les sites Internet, etc. Mais cela ne suffit pas, il faut également lire des auteurs qui ne publient pas sur Internet ; car lire nourrit l’esprit et cela permet d’améliorer ses connaissances.

Le président de l’Assemblée Nationale, lors de la séance plénière pour l’adoption du budget de l’Etat gestion 2017, a relevé qu’il serait mieux de fermer les filières comme le droit, les lettres et mettre l’accent sur l’enseignement technique. Partagez-vous cette idée de Salifou DIALLO ?

Mme Kambou : Je dirais oui et non. Oui d’autant plus que les filières techniques vont amener les gens à être opérationnels dès qu’ils sortent de l’école. Non, parce que si l’on forme rien que des techniciens, à long terme qui va gérer les affaires juridiques, diplomatiques, sociologiques, etc.? Je pense qu’il ne faut pas négliger l’un des secteurs au profit de l’autre. Il faut également des littéraires pour accompagner les techniciens et les scientifiques.

Pourquoi avoir créé l’entreprise FEDis ?

Mme Kambou : C’est une idée qui m’est venue à l’esprit quand j’ai arrêté de travailler (ndlr- Après plus de 17 ans d’expériences dans des structures privées et Organisations non gouvernementales (ONG)). Je me suis dit qu’il fallait que je mène une activité pour ne pas rester oisive. Courant ma carrière, j’ai rencontré des gens qui ont émis le besoin d’avoir des technologies simples pour la filtration de l’eau. Du coup, je me suis dit : pourquoi ne pas vulgariser le filtre à eau. En outre, notre corps est constitué de 70 % d’eau. Nous devons donc boire une eau saine pour être en bonne santé. L’eau filtrée permet de réduire les risques de maladies d’origine hydrique telles que les calculs rénaux, la fièvre typhoïde, le choléra, etc.

FEDis œuvre pour la création, la distribution, la commercialisation, la promotion et l’utilisation des systèmes de filtration d’eau ainsi que des systèmes de lavage de mains pour l’hygiène. FEDis contribue tant soit peu à l’atteinte des objectifs du gouvernement du Burkina Faso dans le domaine de l’accès à l’eau potable pour les ménages des zones urbaines et rurales. Les actions de FEDis visent à permettre aux ménages et aux clients non seulement d’améliorer efficacement le traitement de l’eau à domicile, mais aussi à améliorer l’hygiène au niveau familial et communautaire. Toutes choses qui concourent à l’atteinte des Objectifs auxquels il souscrit (7ème Objectif du Millénaire pour le Développement - OMD puis 6ème Objectif de Développement Durable -ODD). FEDis a été lauréat aux Trophées Eau 2016 : catégorie « Recherche et innovation ». Et nous sommes reconnaissants aux initiateurs qui ont reconnu nos efforts.

Quel est votre souhait ?
Mme Kambou : Ce qui me tient le plus à cœur, c’est d’arriver, à travers ce métier (ndlr documentaliste) que j’adule très bien, à satisfaire les besoins d’information des usagers de YENU DIE (Maison de la connaissance en Nouni). Et j’ose espérer que les burkinabè vont en faire la leur et la fréquenter en vue d’améliorer leurs connaissances. En outre, j’aimerais voir grandir FEDis pour le bonheur de tous les citoyens burkinabé.

Votre mot de la fin ?

Mme Kambou : Merci à Lefaso.net d’avoir pensé à ma modeste personne et j’espère que cet entretien va aider beaucoup d’autres jeunes qui souvent hésitent à se lancer dans l’entrepreneuriat. Ce n’est pas du tout simple, mais c’est salvateur et exaltant. Il y a des gens qui disent qu’ils n’ont pas les moyens pour entreprendre ; moi je leur dis qu’on n’a pas besoin de gros moyens pour entreprendre. Le début n’est certes pas facile, mais on finit toujours par y arriver quand on se donne à fond et à cœur. Lorsqu’on veut entreprendre une activité, il faut bien se cultiver, se documenter et profiter de ses relations antérieures quelles qu’elles soient ; et je vous dis qu’ainsi, vous allez vous en sortir.

Nos remerciements encore une fois à tous nos partenaires et aux clients(es) de FEDis qui nous accompagnent tous les jours. Je les invite à nous rendre visite tous les six mois pour le renouvellement de leur cartouche filtrante ou bougie. Une fois de plus merci à Lefaso.net et bon vent à vous. Dieu bénisse le Burkina Faso. Amen !

Interview réalisée par Rita Bancé/Ouédraogo
Lefaso.net

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