lundi 16 février 2015
Le 8 mars, la seule journée de l’année dédiée à la femme est un rendez-vous tant attendu. Aussi bien par elles que par certains hommes. Au-delà de la reconnaissance de la combativité de l’autre moitié du ciel à travers cette journée, c’est un moment qui est fêté, très souvent, à grande pompe. A quelques jours de la commémoration, les rues de Ouagadougou bondées de coins de vente des pagnes. Un vrai business pour des commerçants qui se frottent bien les mains. Le constat à trois semaines de l’évènement.
C’est un euphémisme de dire que le pagne du 8 mars 2015 se vend très bien sous cette transition. Très bien dans la capitale, et certainement dans les 12 autres régions. Un business donc, tant pour les hommes que pour les femmes qui ne craignent pas de mévente en cette année 2015. En tout cas, pas comme en 2014 ou certains commerçants disent avoir fermé boutique tellement les pertes ont été énormes. En clair, le pagne du 8 mars se vend et s’achète comme de petits pains.
Lundi 16 février, il est 10 heures sur l’avenue de l’armée. Comme à l’approche de chaque 8 mars, la voie se transforme en un marché. De gauche à droite, sur des tables, des engins à deux roues, ou encore à terre, dans de grands sachets plastiques, des pagnes, et encore des pagnes, de 8 mars. « Accès des femmes à la formation professionnelle et à l’emploi », c’est la matière à réflexion au niveau national qui se fera, sans doute, sans les « premières concernées ». Et en attendant, les commerçants font de bonnes affaires. Dans les grandes artères de la ville de Ouagadougou, la clientèle ne se fait pas supplier. Mariam Tondé, secrétaire dans une agence de voyage est venue s’en procurer. Pour elle, mais aussi pour sa maman et sa petite sœur. A l’entendre, la pièce qui équivaut à 6 pagnes suffirait grandement pour les modèles qu’elles ont choisies. Le montant total est de 12 000FCFA qu’elle estime abordable pour un pagne de 8 mars qui est très beau et bien présentable cette année. Si Mariam en a acheté deux, Solange, une vendeuse confie qu’il y a des femmes qui en achètent plus que ça. Par jour, elle peut vendre 20 à 30 pagnes. « En effet, dit-elle, depuis la mise sur le marché au début du mois de février, j’ai vendu près de deux balles. Ce qui n’a pas été le cas l’année passée. Les gens sont ravis de la qualité et de la beauté du pagne. Et nous faisons de bon marché », dit-elle l’air joyeuse.
La clientèle défile à longueur de journée et les commerçants disent adorer ce mouvement qui dénote de l’engouement autour du pagne. Très honnêtement, Moumouni Kaboré déclare : « Cette année, le pagne 8 mars se vend à merveille. Nous arrivons à écouler et il n’y a pas de perte ». Moumouni fait partie de ces commerçants qui vendent une balle par jour à raison de 100 complets à 6000F ou 5500CFA. A ce jour lundi 16 février, il venait d’écouler sa 17ème balle. Une balle, faut-il le noter, couterait 450 000FCFA. Tout calcul fait, les 17 balles se chiffrent à 7 650 000 FCFA.
8 mars, une affaire de femme à satisfaire
Une balle de pagnes s’achète à 450 000 FCFA. Elles (les balles) viennent de la Chine et c’est une société de la place qui se charge de la distribution. « C’est un 8 mars de transition », ironise un agent de la sécurité, qui dit n’avoir pas encore acheté le pagne pour sa tendre moitié. Mais « je le ferai », se promet-il. Ajoutant que : « il n’y a pas à dire que les temps sont durs. Les femmes ne comprendront jamais. C’est leur fête et il faut absolument leur faire plaisir ». Même si les femmes sont les plus nombreuses à faire les achats, les hommes ne sont pas en marge. A en croire Moumouni, les femmes rivalisent avec le port du pagne. Certaines n’hésitent pas à confier que : « c’est parce que ma coépouse ou ma rivale en a acheté que je m’en procure aussi ». Rivalité et/ou jalousie ou pas, les commerçants font leur business. Et ce n’est pas à Edith Rouamba, commerçante de dire le contraire : « L’année passée, j’ai vendu à peine 3 balles. Cette année, je suis 15 balles à trois semaines de la fête. Et la demande reste forte ». Elle s’est néanmoins réservé de dévoilé le bénéficie qu’elle encaisse, retenant que tout va à merveille.
Bassératou KINDO
Lefaso.net