jeudi 10 octobre 2024
Depuis 2019, Bintou Traoré, promotrice d’un restaurant végétarien, partage avec ses clients sa passion pour une alimentation saine et équilibrée. Ancienne agente de banque, elle a choisi de quitter ce secteur pour suivre son mari, et c’est durant cette période qu’elle a décidé de se consacrer à sa passion de toujours : la cuisine. Cette reconversion a donné naissance à son restaurant 100% végétarien.
Bintou Traoré est elle-même végétarienne depuis plusieurs années. L’idée d’ouvrir un restaurant végétarien s’est imposée à elle après avoir traversé des périodes où il était difficile de trouver des légumes de qualité. « Nous avons fait des cultures hors sol pour pallier le manque de légumes et progressivement, nous avons réalisé l’importance des nutriments pour le maintien et le développement du corps. C’est ce qui nous a orientés vers l’alimentation végétarienne », explique-t-elle.
Ce projet n’a pas été accueilli d’emblée avec enthousiasme. Dame Traoré confie que les débuts étaient difficiles. « C’était des débuts assez difficiles vu le contexte dans lequel nous sommes. Les gens me disaient que ce n’était pas un projet viable, que la restauration est un métier assez prenant qui va demander beaucoup d’investissement personnel. Ce n’était pas vraiment des encouragements que j’ai reçus mais plus tôt des mises en garde. Il fallait arriver à convaincre qu’on pouvait s’en sortir », confie-t-elle. Malgré ces avertissements, elle a persévéré, portée par sa détermination.
Ouvrir un restaurant végétarien dans un pays où la consommation de viande est ancrée dans la culture gastronomique n’était pas sans défis. Bintou Traoré a dû faire face à plusieurs obstacles dès les premiers mois suivant l’ouverture. L’un des plus grands défis reste l’approvisionnement en légumes. A l’entendre, il y a des périodes de l’année où il est difficile de trouver des légumes et d’autres où ils sont très chers sur le marché. Cette difficulté persiste toujours selon elle.
De plus, trouver un personnel compétent et à l’aise avec la préparation des végétaux s’est avéré compliqué. Cependant, elle a su relever ces challenges en ajustant son organisation et en se concentrant sur les assaisonnements qui font la particularité de son restaurant.
« Préparer des produits d’origine animale et préparer ce qui est végétarien est un peu différent. L’assaisonnement chez nous fait la différence. Nous misons beaucoup sur les fines herbes et les assaisonnements naturels. Je cuisine avec des végétaux, des champignons, du soja et bien d’autres ingrédients », précise-t-elle.
Malgré les scepticismes initiaux, le restaurant de Bintou a su se faire une place sur le marché burkinabè. « Ceux qui disaient que le projet ne serait pas viable se sont trompés. La preuve, les Burkinabè ont bien accueilli ce concept. Aujourd’hui, plusieurs personnes viennent par curiosité ou parce qu’elles sont convaincues que les végétaux apportent les meilleurs nutriments pour maintenir la santé ».
L’objectif de son restaurant ne se limite pas seulement à servir des plats végétariens. Bintou Traoré voit plus grand. Son ambition est d’accompagner ceux qui souhaitent adopter une alimentation plus saine et de sensibiliser sur l’importance d’une alimentation réfléchie. « Nous voulons aider les gens à mieux comprendre leur alimentation. Il ne s’agit pas seulement de manger pour satisfaire une envie, mais de manger pour maintenir sa santé. L‘objectif que nous nous sommes donné dans notre restaurant, c’est d’accompagner d’abord les personnes qui désirent avoir une alimentation plus saine et aussi ceux qui ont des restrictions alimentaires ».
Bintou Traoré ne cache pas son désir de voir davantage de restaurants végétariens se développer au Burkina Faso. Cependant, elle insiste sur le fait que l’essentiel est d’encourager chacun à adopter de bonnes habitudes alimentaires chez soi. « Avoir plusieurs restaurants végétariens serait bien car cela va offrir aux Burkinabè le choix mais le plus important pour moi, c’est que chacun d’entre nous puisse adopter une hygiène de vie à la maison », précise-t-elle.
Hanifa Koussoubé
Lefaso.net