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Djamy vit pour la cause féminine

mardi 1er février 2022

Djémi Lydie Kambou est une jeune Burkinabè de 21 ans qui utilise les réseaux sociaux pour bousculer les stéréotypes liés aux femmes et prêcher l’égalité homme-femme. Une cause. Une vie. Un combat qu’elle mène sur les réseaux sociaux avec ses 45 000 abonnés à son compte Facebook et Tiktok sur le sobriquet de ‘’Djamy Official’’.

Robe blanche moulante frappée de fleurs rouges. C’est une jeune femme de 1m70, très apprêtée, joyeuse et souriante qui s’est présentée à nous dans ce restaurant. Comme à chaque occasion, Djemi Lydie Kambou, affectueusement appelée Djamy, est prête à parler de la cause féminine. Elle en a fait son combat. Djémi Lydie Kambou a grandi au côté d’une mère femme au foyer et d’un père médecin. Toute petite, dès l’âge de six ans, cette différence l’interpelle. Parce qu’étant l’aînée de la fratrie, elle était proche de sa maman qui en souffrait. « Je me suis demandée pourquoi ma maman n’est pas comme mon papa. Elle restait à la maison s’écroulait sous les tâches ménagères tandis que mon père partait travailler », se remémore-t-elle.

Au fil des années, l’inégalité homme-femme paraît plus claire à Djamy. Elle découvre que cette situation n’était pas inhérente à sa famille. Ainsi, a germé en elle l’idée de devenir féministe. Aujourd’hui, sa vie est dédiée à la cause féminine. « Une femme est quelqu’un qui arrive à s’imposer, avoir du respect. »

Une femme est une âme, un esprit

Une femme c’est d’abord se construire une âme : « J’ai l’impression qu’en Afrique et ailleurs, on a tendance à faire de la femme un physique au lieu de tenir compte de son côté émotionnel. Une femme est une âme, un esprit. Il faut d’abord être heureuse, se sentir aimée et épanouie. On a tendance à trop demander aux femmes à qui on exige d’avoir mille vertus », dit Djamy qui, sur les réseaux sociaux, publie régulièrement des vidéos d’elle ou d’autres femmes afin de bousculer les stéréotypes vis-à-vis des femmes. Elle veut pousser les femmes à se défendre. « Je veux dire aux femmes que personne ne pourra parler à leur place. Je vois des femmes qui sont victimes de violences conjugales et qui sont résignées. Je veux leur dire qu’elles peuvent s’en sortir. »

Djamy se révolte à chaque fois qu’elle voit une fille qui se voue qu’à soigner son physique. Elle estime qu’elles doivent plutôt se cultiver. « Je veux des femmes qui ont des ambitions ; celles qui cultivent le savoir-faire pouvant leur permettre de changer quelque chose dans ce monde. Tant qu’on n’a pas d’action, on ne pourra pas changer la donne. Je veux des femmes compétitives qui ne restent pas en arrière-plan. J’aimerais relever plusieurs facteurs chez les femmes. D’abord, il faut s’assumer », dit-elle, montrant ses tresses vertes qui sont mal vues au Burkina Faso.

« La femme est magnifique. C’est une œuvre d’art. Je ne comprends pas comment cette beauté actuellement se retrouve noyée par des idées. Souvent ce sont des idées masculines, de la Bible, du Coran », tance la jeune femme. Djamy aimerait que la question relative à l’égalité homme-femme soit traitée à l’école, car pour elle, tout tourne autour d’une question d’éducation. « Il faut changer la façon d’éduquer les garçons notamment »

« Cœurs noirs »

Passionnée de littérature et d’art, Djamy est en train d’achever son roman intitulé « Cœurs noirs ». Ce roman parle d’une fille qui se trouve à Ogoto (un village de Burkina Faso), où on adore les fétiches. Devenu vieux, son père, un sorcier du village, veut choisir un héritier pour le remplacer dans son sanctuaire. Cependant, le nom de cette fille ne figurera pas sur le liste des potentiels successeurs, juste parce qu’elle est une fille. Elle a pourtant été la seule personne de sa famille à être attirée par le « tchild » (le culte du fétiche), à tel point qu’elle transgressait les règles pour pénétrer dans les sanctuaires parce qu’étant fille elle et n’en avait pas le droit.

Cette situation a débouché sur un conflit familial parce que son papa a finalement choisi le benjamin de la famille pour occuper cette place. Lui, il n’était pas intéressé. La fille se trouve tiraillée entre ce qu’on attend d’elle et son désir. C’est ce contraste que Djamy veut faire ressortir à travers ce roman tiré d’une histoire imaginaire basée sur des faits sociaux. Le cœur de la jeune fille, personnage central du roman, qui vit ce déséquilibre va s’endurcir. D’où le titre « Cœurs noirs », qui traduit l’attente et le désespoir.

Djamy et ses rêves

Djamy n’est pas contre l’idée de se marier. Mais, son but premier est de trouver un homme compréhensif qui pourrait l’accompagner dans ses projets. Elle rêve de devenir journaliste, écrivaine. Aussi, elle est attitrée par la politique quoique cela relève de l’apanage des hommes au Burkina Faso.

Germina Pierre Louis
Lefaso.net

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