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Règles douloureuses : « Aucune femme n’a le droit d’en souffrir en 2019 », Pr Der Adolphe Somé, gynécologue-obstétricien

lundi 16 décembre 2019

Les règles douloureuses sont le cauchemar de nombreuses femmes et jeunes filles, au point que certaines ont même du mal à vaquer sereinement à leurs occupations lors de leur période menstruelle. Leur vie sociale se trouve parfois affectée et la solution le plus souvent proposée par l’entourage, c’est d’accoucher pour en guérir. Or, dans certains cas, les règles douloureuses annoncent plutôt un problème de santé plus grave, comme l’indique le Pr Der Adolphe Somé, gynécologue-obstétricien et chef de service « Médecine de la reproduction » au CHU Souro Sanou de Bobo-Dioulasso.

Avant ou pendant les règles, la femme peut ressentir quelques symptômes désagréables tels que les maux de tête, la sensation de fatigue, les crampes, l’humeur changeante, etc. C’est le symptôme prémenstruel. Si chez certaines femmes, les désagréments du symptôme prémenstruel passent presqu’inaperçus, chez d’autres, l’arrivée des règles rime avec douleur et anxiété, tant elles vivent un véritable calvaire. Outre le symptôme prémenstruel classique, elles ressentent de vives douleurs au ventre pendant leurs règles.

M. S., jeune fille de la vingtaine est de celles-là. A l’approche de sa période menstruelle, sa plus grande frayeur, c’est la forte douleur qu’elle ressent au bas du ventre, surtout le premier et le troisième jour de ses règles et qui l’empêche de vaquer normalement à ses occupations. Elle souffre de ce qu’on appelle les règles douloureuses. « Pendant les règles, il y a un jour où l’écoulement est plus abondant, lorsqu’il y a le détachement de la membrane. En ce moment-là, ça me fait extrêmement mal. J’ai l’impression qu’on me coupe quelque chose de l’intérieur. », nous relate-elle.

Pour comprendre et soulager sa douleur, elle a consulté à plusieurs reprises des gynécologues et pris différents médicaments. Mais sans gain de cause. « J’ai fait plusieurs examens à Yalgado, au CHU de Bogodogo, mais jusqu’à présent il n’y a rien. Un médecin m’a recommandé un produit. J’ai pris. Au début j’avais l’impression que ça me soulageait. Mais à un moment donné, j’ai vu qu’il n’y avait pas d’effet. J’ai changé de produit. Pendant un moment donné, ça allait, mais après c’est pratiquement la même chose, ça n’avait plus d’effet. »

N’ayant pas eu de solution du côté de la médecine moderne, c’est finalement vers la médecine traditionnelle que M. S. va se tourner avec un peu plus de succès. Alors qu’un jour elle se tordait de douleur, sa cousine lui propose une tisane. « Cette tisane m’a soulagé. Pour le moment c’est ce que j’utilise. Avec la tisane, il y a un peu plus de soulagement. »

Quelles sont les causes des règles douloureuses ?

Selon le Pr Der Adolphe Somé, gynécologue-obstétricien et chef de service « médecine de la reproduction » au CHU Souro Sanou de Bobo-Dioulasso, en fonction du type de règles douloureuses, les causes sont différentes. Pour les jeunes filles de 9 à 14 ans environ qui ont leurs premières règles, cela peut être dû à la position de l’utérus. « Chez les femmes qui ont les règles douloureuses, quand on fait l’échographie, on peut se rendre compte que le corps de l’utérus est trop rabattu sur le col. Donc pendant les règles, le sang au lieu de couler directement, vient cogner la partie courber de l’utérus avant de continuer vers le bas. »

L’autre explication des règles douloureuses chez les jeunes filles, c’est le petit diamètre du trou par lequel le sang doit s’écouler. « Chez une jeune fille de 12-14 ans, le diamètre du trou par lequel le sang doit sortir n’est pas le même que chez une femme qui a accouché au moins quatre fois. Ce diamètre étant petit et parfois les règles venant avec des caillots, ça élargit et elle a mal. »

Les règles douloureuses peuvent être également dues à une malformation de l’utérus. Dans ce cas, les règles ne sont pas extériorisées jusqu’à ce que la fille ait mal. Chaque mois, elle a ses règles, mais ne saigne pas. Les règles sont collectées dans le vagin, puis dans l’utérus et quand l’utérus est rempli, elle commence à avoir mal.

Il y a aussi le cas des femmes qui avaient normalement leurs règles, sans douleurs, qui ont accouché, puis vers 30-35, elles commencent à avoir des règles douloureuses. Dans ce cas, « les règles douloureuses sont le signe d’une maladie, qu’il faut détecter et soigner à la racine », nous apprend le praticien.

« L’accouchement ne peut être utilisé comme traitement », Pr Somé

Comme de nombreuses autres jeunes filles, M.S. s’est entendu dire que pour guérir des règles douloureuses, elle doit accoucher. Ce qui est inenvisageable pour elle. Sur ce point, le Pr Somé reconnait que l’accouchement peut élargir le diamètre du « tuyau » par le lequel le sang s’écoule. Ainsi, après l’accouchement la femme n’aurait plus de règles douloureuses, si tant est que c’était la cause de ses règles douloureuses. Par contre, si le petit diamètre du « tuyau » n’est pas la cause, les règles douloureuses demeureront après l’accouchement.

« Une petite fille de 9ans, de 12 ans qui voit ses règles, qui roule par terre, qui refuse d’aller à l’école et on l’enferme, ce n’est pas normal. C’est vrai, si elle accouche, ça va élargir le tuyau. Mais ce n’est pas la solution. L’accouchement ne peut pas être utilisé comme un traitement, parce que l’accouchement a d’autres conséquences. C’est insensé de demander à une petite fille d’accoucher pour régler un problème de règles douloureuses en 2019. On a tous les moyens pour qu’elle n’accouche pas et qu’elle n’ait pas mal pendant les règles. »

« Les règles douloureuses peuvent être le signe avant-coureur d’un problème plus grave », Pr Somé.

A en croire, le Pr Der Adolphe Somé, les règles douloureuses peuvent être annonciatrices d’un problème de santé plus grave, notamment chez les femmes qui n’en souffraient pas et qui à un certain moment y deviennent sujettes. C’est pourquoi, il convient de ne pas se contenter uniquement de prendre des médicaments pour calmer la douleur, mais plutôt de consulter au plus tôt un gynécologue, qui à l’issue d’examens approfondis prescrira le traitement qu’il faut.

« Aujourd’hui, personne n’a le droit d’avoir mal pendant les règles et d’en souffrir. La médecine a tous les moyens pour que la femme vive heureuse et soit épanouie. C’est l’ignorance ou la peur qui font que les femmes ne viennent pas consulter », affirme le Pr.

Et pour ce qui est de l’utilisation des médicaments traditionnels pour soulager les règles douloureuses, le gynécologue dit reconnaître qu’il se pourrait qu’il existe des plantes qui joueraient le rôle de calmants. Le souci avec ces médicaments, dit-il, c’est le dosage, la voie d’élimination, les contre-indications et ce qu’il faut faire en cas de problème.

Justine Bonkoungou
Lefaso.net

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