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Renforcement du pouvoir économique des femmes : 102 associations de femmes fonctionnent

mardi 25 septembre 2018

Depuis une quinzaine d’années, l’ONG ASMADE (Association Songui Manégré/Aide au Développement Endogène) appuie le développement entrepreneurial des femmes dans les secteurs de la transformation des produits agroalimentaires et de la restauration. Cet appui à l’autonomisation des femmes est organisé autour du renforcement de leurs capacités de production, du relèvement de leur compétence technique et de vie ainsi que d’activités de plaidoyer pour la reconnaissance du corps de métier.

Les femmes constituent 52% de la population burkinabè et 80% d’entre elles travaillent dans le secteur informel et contribuent à alimenter l’économie. Compte tenu de l’importance de leur part contributive dans l’économie nationale, il était indispensable d’accompagner les actrices du secteur vers la reconnaissance de leur corps de métier et leur professionnalisation.

C’est à ce titre que l’ONG ASMADE s’est engagée en 2001 à identifier un programme d’appui à la restauration de rue et la vente de produits locaux transformés, à la suite d’un diagnostic de la problématique de l’alimentation dans les villes africaines, en particulier à Ouagadougou. Le premier programme d’appui au secteur avec des enjeux sociaux, sanitaires et économiques a vu le jour dans les années 2003 jusqu’en 2008. Le programme a touché 1 500 actrices de 45 associations de transformatrices et de restauratrices.

Les actions principales ont été orientées vers l’appui à la structuration des actrices, le renforcement de leurs capacités techniques (gestion, développement de la micro entreprise, hygiène, etc.) et la facilitation de l’accès aux financements.

Dans ses stratégies d’action, l’ONG ASMADE croit à la dynamique de groupe comme levier du développement individuel. L’organisation des actrices en groupes répond à un besoin d’œuvrer ensemble pour atteindre un but. Consciente de ce fait, elle a accompagné les associations en quête d’un statut juridique, en rendant disponible l’information sur la procédure, en coordonnant les montages de dossiers et en suivant les dossiers jusqu’à l’obtention du récépissé de reconnaissance officielle.

Dès 2008, les associations accompagnées ont exprimé le besoin de créer un cadre fédérateur pour pouvoir porter en synergie leurs défis, leurs succès, mais aussi pour confirmer leur existence en tant que corps de métier. Ainsi, naissait en 2008, le Collectif des associations de restauratrices et de transformatrices des produits locaux au Burkina Faso (CARTPL/BF) fort de plus de 5 000 femmes, réparties dans plus de 83 associations à Ouagadougou. L’appui s’est étendu à partir de 2013 à la ville de Kaya avec le renforcement de 16 associations de restauratrices et de transformatrices.

Du renforcement des capacités entrepreneuriales et économiques

Le développement de l’entreprenariat féminin dépend des capacités qu’ont les femmes à se positionner dans le secteur, la qualité des prestations qu’elles peuvent offrir et le renforcement de leur confiance en elles-mêmes. Au cours de son accompagnement, l’ONG ASMADE a promu des outils permettant à ces femmes de créer leur propre entreprise, de développer leur activité et leur chiffre d’affaires.

Ce sont entre autres, les formations techniques dans des thèmes tels que la gestion des entreprises et le marketing, l’hygiène générale et la qualité dans la production, l’assainissement, le leadership et la prise de décisions, le genre et les ateliers de réflexion action ; l’acquisition d’espaces pour l’exercice de leurs activités (restaurants, boutiques d’exposition/vente des produits) et l’accès aux outils et matériels de production tels que les séchoirs solaires, foyers à gaz, pousse-pousse à eau, chariots, blouses, etc. ; la création des centres d’alphabétisation en mooré et d’apprentissage du français fonctionnel au profit des bénéficiaires qui sont en majorité peu scolarisées ; l’accès des femmes aux crédits qui ont pu créer des micro entreprises pourvoyeuses d’emplois ; la participation des femmes à des événements culturels nationaux tels que le Salon international de l’artisanat de Ouagadougou (SIAO), le Festival panafricain du cinéma de Ouagadougou (FESPACO) et les différentes foires en vue de promouvoir leurs produits, d’attirer de nouveaux clients et de nouer des partenariats avec d’autres professionnels.

Toutes ces actions ont ouvert des portes à ces femmes qui ont été sollicitées pour donner des formations en techniques de production de soumbala (épice à base de graines de l’arbre de Néré, fabriquée traditionnellement en Afrique de l’Ouest) et de couscous. D’autres ont pu exporter leurs produits à travers des commandes vers le Sénégal, le Bénin et le Mali. Le plaidoyer de l’ONG ASMADE et du collectif ont contribué à la création d’une chambre de métier de la restauration dans la branche de l’artisanat alimentaire au Burkina Faso dans laquelle siègent quelques femmes du collectif.

L’approche genre, un levier indéniable pour le développement de l’économie
L’intégration des hommes dans l’accompagnement aux acteurs du secteur de la restauration et de la transformation est intervenue avec l’intégration de l’approche genre comme un levier de l’activité économique. L’intégration de cette composante de la société a permis d’améliorer les rapports sociaux de genre pour un développement intégré du secteur.

Cette nouvelle initiative a permis de prendre en compte les rapports hommes-femmes dans l’organisation, le développement et la promotion du secteur, l’élargissement des actions de l’ONG ASMADE à d’autres groupes d’hommes et de femmes. Ce projet a bénéficié de l’appui du Ministère des affaires étrangères de France, du Conseil régional de Picardie et de l’accompagnement technique d’Aster international.

Pour soutenir encore l’autonomisation économique des femmes et des filles, l’ONG ASMADE a bénéficié, à partir de 2018, de l’accompagnement technique et financier du Ministère de la Promotion de la Femme, de la Solidarité Nationale et de la famille, du Programme d’appui au développement sanitaire (PADS), du Fonds des nations unies pour la population (UNFPA) et de la Banque Mondiale, pour la mise en œuvre du sous projet « Entreprendre au Féminin » qui est une sous composante du projet « Autonomisation des femmes et dividende démographique au sahel (SWEED) ».

Ce projet couvre les régions de l’Est, de la Boucle du Mouhoun, du Nord et du Centre-Nord. Son objectif général est de contribuer à accroître l’autonomie économique des adolescentes et des jeunes femmes déscolarisées et non scolarisées. Pour atteindre celui-ci, diverses activités sont envisagées. Ces activités sont entre autres des ateliers de formation sur la culture entrepreneuriale, en technique de production, de transformation et de conservation des produits locaux, sur les opportunités de financement des activités et dans les filières de formation (couture, teinture, agro-pastorale, artisanat, transformation agroalimentaire) au profit d’adolescentes, de jeunes femmes, de leaders d’opinion.

Il s’agit aussi de l’organisation de focus groupes sur la perception des adolescentes de leur situation économique actuelle, l’organisation d’émissions radios, de théâtres fora, de séances de sensibilisation de groupes communautaires sur la thématique de la réduction des pratiques socioculturelles néfastes à l’autonomisation économique de la femme, de vulgariser les documents sur la sécurisation foncière auprès des femmes, de mener des plaidoyers auprès des propriétaires terriens, leaders coutumiers et religieux pour faciliter l’accès des femmes à la terre et à la propriété foncière.

Bénéwendé Judicaël Sawadogo

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