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Santé : Le Dr. Awa Ouédraogo Ymba passe au peigne fin les enjeux des mutuelles dans le Plateau central

mercredi 20 décembre 2017

Pour l’obtention de son Doctorat en Socioanthropologie de la santé, Mme Awa Ouédraogo /Ymba a porté la réflexion sur « Les enjeux des mutuelles de santé dans le plateau central de Burkina Faso ». Soutenue le jeudi 16 novembre 2017 à l’université Félix Houphouët Boigny de Cocody en République de Côte d’Ivoire, la thèse a été sanctionnée par la mention très honorable avec les félicitations du Jury.

Les mutuelles de santé, cette forme de solidarité autour de la maladie, se développe de plus en plus au Burkina Faso. Elles seront utilisées au niveau de l’Assurance Maladie Universelle comme des relais pour toucher le monde rural et le secteur informel. Le sujet a retenu l’attention d’une Socioanthropologue, Mme Awa Ouédraogo/Ymba, pour la soutenance de sa thèse de Doctorat. Elle a présenté le fruit de trois années de recherche à un jury présidé par le Pr. Baha Bi Youzan, directeur de l’UFR/SHS, et qui comprenait le directeur de la thèse, le Pr. Essane Séraphin par ailleurs recteur de l’université Hampâté Ba d’Abidjan, et trois examinateurs : les Professeurs Agnissan Assi Aubin (département de sociologie), Drissa Koné (département de médecine) et Mél Meledje Raymond (département de sociologie de l’université Alassane Ouattara de Bouaké).

Pourquoi un tel sujet ?

Selon l’impétrante, ce projet est né de questionnements qui gravitent autour du financement des soins de santé par les communautés et de l’introduction de la mutualité comme formule alternative. Et à l’en croire, il a pour ambition de mettre en confrontation cette culture formalisée de prise en charge de la maladie et les rationalités communautaires.

Pourquoi avoir orienté la recherche sur la région du Plateau-central ? La recherche a été menée auprès de 07 mutuelles villageoises et 05 mutuelles communales de la région. Selon Mme Ouédraogo, les études du (Réseaux d’appui aux mutuelles de santé (RAMS) au Burkina Faso et d’autres organisations) ont montré que les mutuelles de la zone du Plateau central traversaient de nombreuses difficultés par rapport aux zones cotonnières où les mutuelles étaient ’’rattachées’’ aux organisations cotonnières et ’’s’en sortaient mieux’’.

« Les mutuelles du plateau central font partie des structures sur l’ensemble du pays, qui rencontrent de nombreuses difficultés et certaines sont en arrêt d’activités. En outre, le monde rural et le secteur informel sont des ‘’cibles’’ pour l’expansion de l’assurance maladie universelle du Burkina Faso », explique-t-elle. Entreprendre donc des investigations sur les mutuelles villageoises, en voie de disparition, et les mutuelles communales, lui a permis de lire les enjeux auxquels cette assurance nationale sera confrontée.

« C’est une urgence »

Les implications et les enjeux suscités par la mise en place des mutuelles de santé sont nombreux et cela s’est renforcé avec la mise en place de l’Assurance Maladie Universelle (AMU) où les mutuelles de santé seront utilisées comme des relais pour atteindre le monde rural et le secteur informel. « C’est une urgence car, la sécurité sociale au Burkina Faso ne concerne majoritairement que les employés du secteur public et seulement 5% de la population y est affiliée. La grande majorité (plus de 80% de la population) exerçant dans le privé, le secteur informel et les personnes vivant dans le monde rural, est laissée pour compte », a déploré Mme Ouédraogo.

Remise en cause de l’hypothèse de la question économique

« Pourtant, poursuit-elle, une réalité est remarquable à propos des mutuelles de santé : stagnation des taux d’adhésion, démission ou retrait de mutualistes. Si la question économique est l’un des principaux obstacles brandis pour justifier cette situation, les financements et les subventions octroyés à certaines de ces structures, sous forme de micro crédits et de dons, ont fini par remettre cette hypothèse en question ». Selon l’impétrante, les rapports qui s’organisent autour des mutuelles sont le résultat de processus sociaux complexes qui se construisent entre différents groupes d’acteurs aux intérêts stratégiques différents : structures initiatrices de projet mutualiste et communautés qui sont censées être des ’’bénéficiaires" de cette "nouvelle" culture de solidarité formalisée et encadrée.

Les raisons d’une difficile appropriation de la mutuelle

« Logiquement, il va se construire des enjeux à la fois contradictoires et donc conflictuels. L’observation a permis de mettre en relief quelques facettes qui expliquent l’appropriation difficile de cette forme de solidarité autour de la maladie », explique Mme Ouédraogo avant d’énumérer « la question des origines du mouvement, l’influence des rapports hiérarchisées (gens du pouvoir- gens de la terre) qui conduit à l’accaparement de certains postes de responsabilité, l’intériorisation de la culture des dons, l’existence et la concurrence des systèmes locaux d’entraide traditionnelle, la référence à une médecine locale de tradition compatible aux codes de lecture de la maladie et de la prévention dans les milieux ruraux, l’oppression du cadre formalisé et contraignant des mutuelles, une lecture spécifique du temps sur l’engagement à la mutuelle, les difficultés liées à la confiance aux dirigeants des mutuelles.... »

Des réflexions prospectives autour de l’AMU suggèrent qu’elle pourrait s’inspirer des paradigmes et des modèles de solidarité endogènes ou des systèmes locaux d’entraide. « Il faudra innover, repenser l’organisation du système sanitaire afin que cette dernière puisse être gérée et pilotée rationnellement », a suggéré la toute nouvelle Docteur en Socioanthropologie, qui a vu sa thèse sanctionnée par la mention très honorable avec les félicitations du Jury.

Herman Frédéric Bassolé
Lefaso.net

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