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Blanche Toé, la spécialiste du crochetage à base de fil bio en coton

vendredi 21 août 2015

Pétrie d’un art particulier, madame Toé née Nikiéma Blanche confectionne, à l’aide du crochet, des tenues homme et dame. Sa matière première, le fil bio en coton. Infirmière de formation mais à la retraite depuis 2000, elle a décidé de se relancer dans sa confection afin de réaliser son rêve de toujours, avoir une grande entreprise de confection de vêtements Faso Dan Fani. De là, est née l’entreprise « Cotonnade du Faso » en 2011. Zoom sur une passionnée du crochetage.

Depuis son enfance, Blanche Toé rêvait d’avoir « une grande entreprise » de confection de vêtements Faso Dan Fani. Et c’est seulement en 2011, un an après son départ à la retraite, qu’elle a pu mettre sur pied Cotonnade du Faso, une entreprise pour le moment embryonnaire. Pour elle, ce retard s’explique par le manque de soutien. « Si on m’avait aidée depuis longtemps en tout cas, j’allais faire une grande industrie. Ce dont je rêve aussi, c’est de pouvoir transmettre mes connaissances à la jeune génération, à travers par exemple un centre de formation », nous relate la promotrice de l’entreprise. Dans sa conception de la vie, personne ne doit jamais perdre espoir ; il faut toujours travailler. L’appartenance de cette dame au troisième âge ne représente guère un frein ni à sa mobilité ni à ses activités. Pour elle, quand on est à la retraite, on doit continuer toujours de s’occuper.

Cotonnade du Faso est une entreprise spécialisée dans le crochetage, un travail manuel. On y confectionne des sacs, des tapis, des habits (des pull-overs, des jupes, des robes des corsages, etc.). Ces vêtements sont commercialisés sous commande.

Mme Toé utilise le fil en coton d’une entreprise de la place pour la confection des vêtements. Ces créations procurent un aspect particulier à l’usager du fait de la douceur du coton et de son éclat. Pour la maîtresse des lieux, « porter des vêtements en coton est agréable parce que, c’est doux. De plus, cela donne un air de jeunesse à la personne qui les porte ».

Cette entreprise emploie trois personnes selon Mme Toé, « ma nièce, ma fille et moi », cite t- elle. C’est seulement en 2014 que Cotonnade du Faso a été formalisée avec son inscription au registre de commerce.

Cette dame dispose de peu de notoriété. Pour cette raison, elle cherche par tous les moyens à se faire connaître. Organiser un défilé de mode et participer à des événements de mode sont des objectifs qu’elle désire atteindre. Pourtant, vu l’état de l’entreprise (absence de locaux et faiblesse des bénéfices), cela n’est pas évident. « Personnellement, le DAN’FANI FASHION WEEK qui se déroulera du 29 août au 05 septembre2015 est un événement auquel j’aimerais bien participer. Mais, je ne sais que faire parce que l’entreprise ne fait pas de bénéfices importants. Alors que les stands coûtent cher, à partir de 200 000 FCFA. Ce n’est pas du donné », nous raconte-t-elle.

D’où lui provient cette connaissance ?

Cette habileté dans le tricotage, Mme Toé l’a héritée de sa maman. Quant au maniement du crochet, il lui a été transmis dans les années 1956 lorsque « J’ai appris le crochet avec la femme du commandant de cercle qui était le responsable de l’administration à l’époque coloniale. Cette dame était une blanche, elle réunissait les petites filles de dix ans, pour leur apprendre à crocheter, à faire la couture ». Et depuis toujours, la bonne dame « a la main ». Elle s’est même acheté une machine à tricoter plus rapide que le crochet dans la production. Mais elle utilisait de la laine pour la confection.

Le fait d’utiliser le coton comme matière brute résulte d’une autre histoire, nous dit-elle. « Pendant la révolution de 1987, les lundis et vendredis étaient des jours de port obligatoire de Faso Dan Fani. Ce n’était pas facile. Et à l’époque, on n’avait pas assez de bons tissus. Dans les services, tout le monde avait les mêmes tenues bariolées. Et on disait alors de libérer le génie créateur. Qu’est-ce que j’allais faire ? J’ai donc décidé de laisser la laine pour m’adonner au coton »
Des sacrifices, elle en a fait non seulement pour le pays en général, mais en particulier pour le développement de l’artisanat burkinabè.

Des obstacles et des opportunités éphémères !

Au fil des années, des opportunités se sont présentées à Mme Toé. Opportunités qui auraient pu lui permettre de réaliser son rêve de toujours. « Et un jour, j’étais à l’ENSP (l’Ecole nationale de la santé publique ENSP ayant été mon dernier poste), lorsqu’une dame est venue m’annoncer que je devais confectionner des tenues pour le SIAO en 1988. Cette dame était la directrice du commerce et de l’artisanat de l’époque. J’ignorais que la tenue que je lui avais confectionnée pouvait m’ouvrir une telle porte. Et réellement à ce rendez-vous de l’artisanat de Ouagadougou, j’étais bien là, sponsorisée par le ministère du commerce et de l’artisanat de l’époque. Installée dans un stand appelé « propriété intellectuelle avec une banderole sur laquelle il était inscrit « produisons et consommons burkinabè ». J’y suis restée pendant une semaine. Mon rôle était de montrer, comment les femmes travaillent et comment on peut transformer notre coton en tenue en dehors des pagnes. Pour moi, c’était le point de décollage, malheureusement cette porte s’est vite refermée », regrette la promotrice.

Après son premier SIAO, elle arrêta le tricotage car cela gênait son mari qui était malade. Néanmoins, elle recevait des encouragements. Son travail était bien apprécié si bien qu’un jour, le ministre du commerce et de l’artisanat de l’époque lui envoya une lettre dans laquelle, il lui demanda de continuer son projet. Comme sa machine à tricoter avait vieilli, elle décida de s’adonner au crochet. Par la suite, elle prit connaissance de l’existence du FONADR (Fonds national d’appui aux travailleurs déflatés et aux retraités). Là-bas, elle obtient les fils pour le crochetage. Chose qui n’a d’ailleurs pas été facile. « A notre âge, pour prendre un crédit ce n’est pas facile. Mais comme on m’a dit de le faire, j’ai accepté », nous révèle-t-elle.

En 2012, Mme Toé a été sponsorisée par l’entreprise internationale, HELVETAS, qui encourage ceux qui travaillent avec le fil bio. Mais l’entreprise a malheureusement par la suite changé ses objectifs. Une seconde porte de nouveau fermée.

Cursus et carrière professionnelle

Mme Blanche Toé née Nikièma a fait son école primaire à Batié, dans la province du Noumbiel, puis l’école centre de Tenkodogo. Elle obtient le CEP. Elle fréquenta le collège notre dame de Kologh Naaba, puis l’Ecole des Infirmières les « Lauriers », première école des infirmiers en 1967 et en est sortie donc infirmière.
Mme Toé a exercé dans plusieurs villes du pays avant d’être affectée à l’ENSP, son dernier poste. « Mon premier poste était à Bobo-Dioulasso en chirurgie-réanimation. Puis, j’ai été affectée à Gaoua comme co-responsable de la maternité de Gaoua. De là-bas, je suis repartie à Bobo-Dioulasso pour un stage de grande endémie. Puis enfin à Ouagadougou. Mon dernier poste a été à l’Ecole nationale de la santé publique (ENSP) où j’ai enseigné depuis 1978 ».

Présidente de l’Amicale burkinabè des infirmières, elle dirigea l’association pendant 17ans. A sa retraite, elle devient présidente d’honneur et sollicitée comme marraine de promotion à l’ENSP en 1997 et en 2002. Mme Toé a été décorée, en 1996 chevalier de l’ordre national et Chevalier de l’ordre du mérite avec agrafe santé en 1997.

« Toujours travailler, ne jamais baisser les bras »

Après sa retraite, Mme Toé voulait continuer à aider les gens. De ce fait, elle a mis en place une petite salle de massage et s’est adonnée à la Médecine naturelle. Cette activité lui permettait d’exploiter ses connaissances en biologie, et en réflexologie. La réflexologie consiste à travailler sur les points reflexes pour soulager les douleurs. En la matière, elle en a fait des heureux. Tout comme avec ses habits en coton bio.

Diane Kagambèga (stagiaire)
Lefaso.net

Contacts de Mme Toé :
 Tel : (226) 70631750
 E-mail : toebianca@yahoo.fr

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